Le jardin du guérisseur de Charlemagne à Érasme

L'art de guérir par les plantes au Moyen-Âge et la Renaissance

If

Dessin de if
Rembert Dodoens, Cruijdeboeck,1554, p. 854, © KBR, VH 6189 C

Nom latin :

Taxus baccata

Famille :

Taxacées

Parties utilisées :

L’if entier, qui contient de la taxine, est très vénéneux ; seules les arilles (baies sans les graines) sont adoucissantes, béchiques et laxatives.

Culture :

\

Histoire :

Le nom vient du mot gaulois Ivo- qui désignait ce même arbre.

Arbre indigène, il a souvent été considéré comme sacré, en raison de son feuillage persistant et de son bois imputrescible, et lié à la mort (il orne souvent les cimetières). Ses effets toxiques sont bien connus depuis l’Antiquité. César rapporte que le roi des Eburons Catuvolcos, après la victoire des Romains sur Ambiorix, se serait suicidé en s’empoisonnant avec de l’if, « qui croît en abondance en Gaule et en Germanie ». Le nom des Eburons vient d’ailleurs du celtique eburos, l’if. Les Gaulois, pour empoisonner leurs flèches, utilisaient sans doute de l’if (entre autres, car Pline mentionne aussi l’ellébore). Certains pensaient même que ceux qui se reposaient sous le feuillage de certains ifs particulièrement puissants pouvaient en tomber malade ou en mourir.

Hildegarde de Bingen considère qu’il est « image de joie » et que la fumée et les humeurs qui sortent de son bois brûlé ne sont pas nocives ; la fumée serait également bonne contre « l’oppression dans le nez ou la poitrine ». En outre, tenir un bâton d’if dans ses mains est positif pour la prospérité et la santé du corps.
Rembert Dodoens le juge « tout venimeux », même pour ceux qui dorment dessous. Le fruit cause la diarrhée. Il dénonce par ailleurs les apothicaires ignorants qui vendent de l’écorce d’if à la place de l’écorce de tamariscus, « au grand détriment des pauvres malades ».

Aujourd’hui, certaines molécules extraites de l’if se sont avérées utilisables contre le cancer.

Savants liés :

Hildegarde de Bingen (1098-1179)
Rembert Dodoens (1517-1585)