Cette technique fut adoptée en occident notamment par Gemma Frisius, Juan de Rojas Sarmiento (XVIème siècle), Philippe de la Hire (1640-1718) et E. A. Reeves (1862-1945). Le Time Museum possède deux Saphaeas d’origine orientale (Cat. 22 et 23) et deux d’origine occidentale (Cat. 24 et 25).
Les collections ne contiennent ni bâton d’al-Tusi (m.ca 620/1213) ni astrolabe sphérique, mais Turner, dans un souci d’exhaustivité, les décrit néanmoins.
La dernière section du catalogue énumère les instruments associés à l’astrolabe comme les instruments horizontaux, les quadrants et le pantocosme.
Cette étude de l’astrolabe, même si elle n’accorde aucune place aux bases mathématiques nécessaires à la conception de l’instrument, mérite de figurer à côté des travaux de référence dus à Henry Michel, Emmanuel Poulle, R.T. Gunther, Françis Maddison, Derek John de Solla Price et Willy Hartner.
Chaque type d’instrument représenté est analysé et on souligne les étapes significatives de leur développement. Ces chapitres introductifs constituent une excellente introduction à l’histoire de ce type d’instruments. Elle est complétée par l’ensemble des notices descriptives consacrées aux pièces de la collection qui sont présentées, autant que possible, dans l’ordre chronologique.
Les renseignements que chaque notice apporte sont disposés dans un ordre immuable: numéro d’ordre, nom de la pièce, date, matière, dimensions, signature du fabricant, numéro d’inventaire, description de la pièce, provenance et note biographique sur le fabricant.
Ce volume, Part 3, traite des horloges hydrauliques, des sabliers et des horloges à combustion. A titre d’exemple de méthodologie, nous prenons le chapitre consacré aux horloges hydrauliques. Dans une introduction historique (p. 1-44) d’une grande rigueur scientifique qui fait avec clarté la synthèse du sujet, Turner analyse les points suivants: clepsydre à écoulement ou à arrivée d’eau, horloge hydraulique par submersion, clepsydre à compartiment cylindrique. L’horloge hydraulique est connue de presque toutes les civilisations et Turner recherche les solutions qu’ont apportées aux problèmes qu’elle posait, l’Egypte, Babylone, la Grèce, Rome, Byzance, le moyen âge islamique et latin, la Chine et l’Inde, et ce jusqu’au XXème siècle puisque la tradition de la clepsydre ne disparaît pas avant cette époque.
La collection d’horloges hydrauliques va d’ailleurs d’une clepsydre égyptienne de 1400 avant J.-C. (en fac-similé) à une horloge hydraulique suisse en plexiglas et aluminium construite en 1968-69. Une des pièces les plus imposantes de la collection est la reconstruction à l’échelle 1/2 de la tour Su Song (1020-1109) élevée à Kaifeng. Cette tour qui mesurait à l’origine 5,38 m de haut fonctionnait par échappement d’eau et, outre le temps, indiquait aussi les mouvements des corps célestes. La force motrice qui animait l’engin devait donc être contrôlée avec une extrême précision pour servir ce double but.
La section consacrée aux sabliers (Cat. 8 à 20) n’est pas moins intéressante: Turner montre les mêmes qualités dans l’exposé qu’il fait des problèmes propres aux sabliers: mesure de courts intervalles de temps, techniques de fabrication (deux ampoules indépendantes qui ne sont pas soufflées conjointement avant le XVIIIème siècle), histoire assez brève, du sablier – la première mention d’un sablier figure dans les archives de la marine britannique en 1345/6 est analysée ainsi que la valeur symbolique de cet instrument en art et ses usages variés (marine, astronomie, médecine et vie quotidienne).
Turner applique la même méthode aux horloges à combustion qui comprennent les horloges à chandelles (Cat. 21 et 22) les horloges-lampes (Cat. 23- 29) et les horloges à encens (Cat. 30-36). Il s’agit de la technique la plus primitive, sinon la plus ancienne, et l’horloge à chandelle, mentionnée en Chine dès le VIème siècle, et en usage durant tout le moyen âge. Turner explique notamment les améliorations apportées à cette technique par al-Jazari (m.ca. 603/1206) qui la combina à des automates.
Quant aux horloges-lampes, elles se répartissent géographiquement selon le combustible utilisé: si l’huile est un combustible universel, la cire est employée dans le bassin méditerranéen et l’Europe du Nord tandis que l’encens est caractéristique de la Chine, du Japon et de la Corée. Turner ici aussi établit l’histoire de ce type d’horloges dans le cadre des différentes civilisations.
Chaque volume se termine par un glossaire des termes techniques de son domaine et par une bibliographie qui, quoique limitée aux ouvrages cités, englobe à la fois les traités classiques et des publications récentes.
Les introductions historiques de ces deux parties du vol. I qui, dans leur ensemble, constituent une remarquable synthèse de l’histoire des instruments de mesure du temps, l’analyse de la littérature qui s’y rattache, les notices descriptives qui veillent à replacer chaque pièce dans son contexte historique, scientifique et souvent social élèvent ce Catalogue bien au-dessus d’une œuvre strictement descriptive et en font un excellent ouvrage de référence.
H. Elkhadem