POUR UN ENSEIGNEMENT DE L’ARCHEOLOGIE INDUSTRIELLE
Henri DELREE
Directeur divisionnaire honoraire des Mines,
Président du Conseil d’Administration du
Musée de la Vie Wallonne
René LEBOUTTE
Docteur en Histoire
Conservateur-adjoint du Musée de la Vie Wallonne
Section Musée du Fer et du Charbon
Samenvatting
Pleidooi voor een onderwijs in de industriële archeologie
Ondanks enkele pioniersinitiatieven, blijft het onderwijs van de industriële archeologie in ons land het arme broertje. Dit valt nog meer op wanneer men de aanzienlijke voorsprong overweegt die Engeland op dit gebied heeft genomen. Het programma van het postgraduaat in de Industriële Archeologie aan het Institute of industrial Archaeology (Iron bridge en University of Birmingham) verdient overdacht te worden…
Het is tijd om bij ons, niet alleen een programma voor academisch onderwijs van de Industriële Archeologie aan te bieden, maar ook om een onderwijscyclus voor een ruim publiek op te zetten, onder de vorm van een Open Universiteit.
Celui-ci implique d’abord une réflexion théorique en profondeur sur la nature et la place de cette jeune discipline au sein des sciences humaines. Est-ce parce que cette réflexion théorique n’a pas encore suffisamment müri chez nous que l’archéologie industrielle brille par son absence dans les programmes universitaires et autres? Sans doute, mais l’heure est venue de prendre conscience qu’un tel vide joue en notre défaveur et fait de nous des parents pauvres, vis-à-vis des pays anglo-saxons notamment.
C’est pourquoi il faut rendre hommage à ceux qui, chez nous, se sont efforcés de promouvoir l’enseignement de l’archéologie industrielle. Le Professeur Jan Dhondt à l’Université de Gand, le Professeur Marinette Bruwier à l’Université de Mons, le Professeur Jacques Stiennon à l’Université de Liège ont ouvert la voie en inscrivant l’archéologie industrielle au programme de leurs cours. Quant à Monsieur Georges Van den Abeelen, ses conférences, ses publications ont fait découvrir à un large public une discipline qui ne peut rester confinée dans de petits cénacles.
Malgré ces heureuses initiatives, l’archéologie industrielle demeure encore affaire d’apprentissage « sur le tas », par essais et par erreurs (qui, parfois, coûtent cher). Aujourd’hui, il s’agit de prendre conscience que, si l’archéologie industrielle ne parvenait pas à atteindre la nécessaire étape de la synthèse, de la structuration, si elle ne parvenait pas à transmettre les acquis, à élaborer ses méthodes, elle risquerait de disparaître.
Les sources de l’archéologie industrielle sont d’une approche difficile, ses méthodes sont complexes, parfois rebutantes. C’est pourquoi un solide cours de méthodes ne paraît nullement superflu. Toutefois, cela n’est pas suffisant. Il suffit de lire l’un ou l’autre parmi les centaines d’ouvrages anglo-saxons pour se rendre compte à quel point l’archéologie industrielle se situe au carrefour de plusieurs disciplines relevant de l’histoire (histoire des techniques, histoire économique et sociale), de la géographie, de la sociologie, des sciences appliquées, des sciences de l’environnement, de la muséologie… Bref, l’archéologie industrielle exige une approche interdisciplinaire. Elle s’inscrit dans une étude de la culture matérielle [[Alfons Thijs, Industrial archaeology as a branch of the study of the history of material culture, some theoretical and methodological considerations, dans Revue Belge d’Histoire Contemporaine, t. VI, 1975, 1-2, pp. 145-157.
J. Pazdur, L’histoire de la culture matérielle en Pologne, dans Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, t. 17, 1962, pp. 75-84. ]]. C’est d’ailleurs cette conception de culture matérielle qui préside à l’essor et au succès croissant des éco-musées industriels, tels que celui du Creusot ou, chez nous, du Bois-du-Luc [[J. Liébin, Le site industriel du Bois-du-Luc, base de l’Ecomusée régional du Centre, dans Bois-du-Luc 1685-1985, La Louvière, 1985, pp. 127-129 (la notion d’Ecomusée). ]].
L’enseignement de l’archéologie industrielle reste à inventer en Belgique. Il doit dépasser le cadre, indispensable certes mais trop restreint, d’une simple initiation aux techniques élémentaires du survey. Il paraît tout désigné pour servir de programme à une Open University qui utiliserait les ressources des médias afin de toucher un vaste public.
A ce propos, le programme de postgraduat en archéologie industrielle de l’Institute of Industrial Archaeology mérite réflexion. Cet institut d’enseignement a été créé en 1978 à l’initiative de l’Ironbridge Gorge Museum et de l’University of Birmingham en vue de former des diplômés universitaires en archéologie industrielle qui seraient aptes non seulement à diriger des travaux sur le terrain, des campagnes de fouilles et de restaurations, mais aussi à assurer conservation et la mise en valeur du patrimoine industriel. Le programme comprend donc non seulement des cours d’archéologie industrielle, mais aussi des cours de muséologie et de management. Dans les cours sur l’histoire de l’industrialisation et des techniques, l’accent est mis sur les repercussions des innovations techniques sur l’environnement d’une part, sur la société d’autre part , de sorte que l’histoire économique et sociale et la géographie historique sont intégrées à l’archéologie industrielle. Quant aux cours de méthodes et de techniques, ils concernent bien entendu le survey, les fouilles et le dégagement des sites archéologiques, l’établissement de plans et relevés, la conservation et la restauration. Ils portent aussi sur l’utilisation des archives, des documents iconographiques, sur les techniques de l’interview et sur l’histoire orale. Une large place est réservée à la législation en matière de conservation des monuments et sites, à la muséologie, au management des sites et musées. enfin, ce programme est accompagné de travaux pratiques, de fieldworks, de visites de sites industriels. A l’issu de ce cycle, l’étudiant est amené à rédiger une thèse. Parmi les récents sujets choisis, citons: « le rôle des projets de conservation des sites industriels dans l’industrie touristique du nord du Pays de Galles, 1950-1980 », « la conservation et la réaffectation des bâtiments industriels à Telford New Town », « les archives des compagnies d’assurance comme sources pour l’histoire de l’industrie » [[The Institute of Industrial Archaeology. Master’s and diploma courses, Ironbridge Gorge Museum, Ironbridge, Telford, Shropshire TF8 7AW, U.K, ]].
Le postgraduat de l’Institute of Industrial Archaeology s’adresse bien sûr aux ressortissants britanniques, mais il est accessible aussi aux étudiants étrangers.
Voila un exemple qui mérite réflexion …