1980 – 3(1)

Un des oscillateurs est à fréquence fixe, l’autre à fréquence variable dont la commande s’effectue à partir du clavier ou à partir du « ruban ». Chaque touche du clavier commande un interrupteur qui est connecté à une prise intermédiaire sur le bobinage L2 (voir fig. 4) permettant ainsi la modification de la constante de temps =√L2C2). Lorsque la touche est abaissée, elle repose sur une tige mobile guidée par deux biellettes. Cette tige est solidaire d’un noyau de fer plongé dans une bobine connectée dans le circuit de l’oscillateur à fréquence variable (fig. 4). On peut ainsi réaliser un vibrato manuel. En modifiant la pression du doigt, l’interprète fait varier la fréquence du son émis. Le clavier est donc rendu expressif. Le ruban est un conducteur électrique mis au bout d’un fil isolant qui, se déplaçant devant une armature métallique, modifie la capacité d’un circuit L-C. Grâce à ce procédé on peut réaliser des glissandi.

3. – Le filtre

Les caractéristiques du filtre sont commandées à partir de la « boîte d’expression ». La modification de l’amplitude du son se fait en agissant sur une résistance dont la valeur dépend de la contrainte mécanique appliquée par la main gauche. Des boutons poussoirs permettent d’interchanger les filtres passe-bas R-C passifs qui ont pour but d’éliminer les aiguës.

4. – Les diffuseurs

Les diffuseurs sont au nombre de trois: un haut-parleur classique, un « gong » et une « palme ». Le gong est une plaque métallique recourbée suspendue qui est reliée mécaniquement à un excitateur électromagnétique comme ceux que l’on trouve sur les haut-parleurs. Le troisième diffuseur, la palme, est formé d’un boîtier sur lequel on a apposé une table d’harmonie. Douze cordes sont tendues au-dessus de la table et sont accordées selon les douze demi-tons de la gamme tempérée. Un des chevalets est apposé sur un excitateur électromagnétique. Les cordes se mettent donc à vibrer en oscillations forcées grâce à l’énergie qui leur est fournie. La palme et le gong sont deux diffuseurs réverbérants qui suppriment la sécheresse du son inhérente à la plupart des instruments de musique électroniques.

5. – Conclusion

L’oscillateur des Ondes Martenot est un oscillateur à battements. Le jeu mélodique peut être commandé soit à partir d’un clavier expressif permettant un vibrato manuel, soit à partir du ruban indispensable aux glissandi. L’interprète peut modifier l’amplitude du son à partir de la boîte d’expression qui contient aussi la commande des filtres passe-bas. Deux diffuseurs réverbérants, le gong et la palme, sont adjoints à un haut-parleur du type classique.

L’instrument que j’ai pu examiner est vraisemblablement un prototype datant d’avant 1930, date après laquelle on a généralement abandonné l’utilisation de triodes à chauffage direct qui sont les seules employées ici. Les Ondes Martenot que j’ai pu étudier étaient complètement mutilées: la palme manque, le ruban avait été enlevé, le clavier rendu inexpressif. Pour pallier à la monotonicité du son émis, on avait introduit un circuit de vibration mécanique … Les Ondes Martenot étaient donc devenues un vulgaire petit orgue électronique mélodique.

Un premier pas dans la restauration de l’instrument a été la remise en état du clavier dans son état original (le système était heureusement relativement complet), ainsi que la suppression du vibrato dont la présence n’a plus aucun sens maintenant. Afin de disposer des données requises pour reconstruire les éléments manquants, je me suis adressé à l’atelier de M. Martenot et l’on m’a affirmé que « vu leur encombrement et leur inutilité, les archives n’avaient pas été gardées … » (sic).

6. – Le Thermenvox

Des trois instruments étudiés, le Thermenvox est certainement le plus primitif. Il ressemble fort à un poste de TSF et fonctionne comme les Ondes Martenot, avec des battements obtenus à partir de deux oscillateurs haute fréquence (Winkelman, 1932). La fréquence d’un des deux oscillateurs peut être modifiée en approchant ou éloignant la main d’une antenne, la capacité parasite du circuit oscillant étant ainsi changée. Cet instrument offre peu d’attrait en dehors de son intérêt historique.

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