LES COLLECTIONS
Le musée de l’Imprimerie dispose, quelques années seulement après sa création, d’un éventail suffisamment représentatif de l’évolution de la technique au XIXe siècle.
1.- Le domaine de la typographie est représenté d’abord par une presse en bois, à mécanisme métallique, malheureusement incomplète, qui pourrait dater de la fin du XVIIIe siècle. Elle constitue une pièce de transition entre la presse entièrement en bois telle que la conçut Gutenberg et les presses métalliques à bras dont le musée expose divers modèles : la petite presse Stanhope, à contrepoids suspendu, et sa copie belge, dans un format plus important, de la firme Jullien ; deux presses françaises, richement décorées de motifs évoquant la Renommée, caractérisées par un double contrepoids ; un assortiment de presses métalliques à bras belges de marques Lejeune, Uytterelst ou Vermeulen, avec leur contrepoids caractéristique en forme de lion assis ; une presse à bras anglaise où le contrepoids cède la place à un ressort destiné à relever le plateau de pression. Le passage à la mécanisation est illustré par une presse plate dite presse à cylindre, de marque française Marinoni. Celle-ci, dans le musée, est entourée d’un mobilier d’imprimerie, comprenant marbre, rayons-layettes, casses, casse à musique, casse à algèbre. Des vitrines dans le couloir montrent du petit matériel : visorium, composteurs, galées, pages composées en caractères mobiles, rouleaux, etc.
2. – Le domaine de la lithographie, plus restreint, montre une presse artisanale Voirin à bâti de bois et son rateau de pression, une petite presse pour les travaux de civilité et une énorme presse Albert, actionnée à l’électricité, dont le mouvement de va-et-vient est assuré par un système dit « chemin de fer ». Une pièce curieuse vient compléter cette partie : il s’agit d’un pantographe de lithographe dont le rôle était d’agrandir ou de réduire, par impression sur caoutchouc, des dessins reportés ensuite sur la pierre lithographique.
3.- Le domaine de la taille-douce est, pour l’instant, fort pauvre. Seule une ancienne presse en bois, ayant appartenu à Félicien Rops, indique par quelle technique la pression intense du papier sur la planche de cuivre était assurée entre deux lourds cylindres.
4.- Le domaine de la reliure-dorure est représenté par une presse à satiner en bois, presse destinée à écraser au maximum l’épaisseur des cahiers pliés après l’impression en feuilles de plusieurs pages (in-4°, in-8°, in-12°, etc.). Une vitrine complète cette section : elle contient des exemples d’ouvrages reliés avec plats et dos décorés, tranches dorées, ainsi que les outils du doreur : fers à dorer, composteurs, fers à filet, agate sertie et emmanchée, destinée à la dorure et au polissage des tranches.
PERSPECTIVES
L’un des premiers objectifs que doit s’efforcer d’atteindre tout musée est d’agrandir et de compléter ses collections surtout lorsque, comme c’est le cas pour le musée de l’Imprimerie, d’importantes lacunes risquent de lui enlever une part de l’intérêt des gens de métier. Ainsi, il ne fait aucun doute que le musée devrait disposer d’une presse à bras, antérieure au XIXe siècle, et entièrement en bois, qu’outre la presse en blanc Marinoni (impression sur une face du papier), il devrait présenter une presse à retiration (impression sur les deux faces), que des vitrines et panneaux devraient compléter la présentation des machines par du petit matériel, des maquettes, des textes et des croquis explicatifs.
Mais les locaux actuels ne permettent guère d’extension au musée de l’Imprimerie ; les couloirs ne peuvent, pour des raisons de sécurité, supporter des charges supplémentaires et l’on ne peut réduire les itinéraires de dégagement à l’intérieur de la Bibliothèque royale. Pourtant, il reste, en réserve dans les caves de cette institution, une fondeuse monotype, un massicot manuel à volant, des presses à pédale, etc. qui ont été offerts au musée dès l’annonce de sa création par des imprimeurs qui cessaient leurs activités ou qui renouvelaient leur matériel.