1984 – 7(4)

DOCUMENTS ANCIENS RELATIFS AUX BATRACIENS ET REPTILES EN BELGIQUE

[[Voir Technologia 6(4): 121-127 (1983) et 7(1): 5-10 (1984). ]]

III. – Les expériences sur les Crapauds
de Jean-Baptiste Van Helmont

Georges H. PARENT
Docteur en sciences biologiques

Résumé

On publie les textes, apparemment méconnus, relatifs aux expériences que fit Van Helmont sur les Crapauds et qui furent fort curieusement confirmées un siècle plus tard par l’abbé Rousseau. Ces expériences éclairent les théories relatives à la sympathie et au magnétisme animal.

Samenvatting

Men publiceert de schijnbaar miskende teksten betreffende de experimenten van Van Helmont op padden en die, zeer eigenaardig, één eeuw later door de eerwaarde Rousseau bevestigd werden. Deze experimenten brengen in het licht de theorien in betrekking met de sympathie en het dierlijk magnetisme.

Abstract

Forgotten pages from Van Helmont, concerning experiments made on Toads, are published. Surprisingly enough, those experiments were corroborated a century later by Father Rousseau. They lighten the theories concerning the sympathy and the animal magnetism.

On trouve dans un livre de l’Abbé Rousseau, paru en 1718, une page bien curieuse qui mérite d’être citée in extenso (pp. 134-136) :

« A l’occasion de crapaux, il me souvient d’en avoir fait une expérience aussi rare que curieuse, qu’on ne sera pas fâché de sçavoir. Vanhelmont dit, que si on en met un dans un vaisseau assez profond pour qu’il ne puisse en sortir, & qu’on le regarde fixement, cet animal ayant fait tous les efforts pour sauter hors vaisseau et fuïr; il se retourne, vous regarde fixement, & peu de moment après tombe mort. Vanhelmont attribuë cet effet à une idée de peur horrible que le Crapaux conçoit à la vûë de l’homme. Laquelle par l’attention assiduë s’excite et s’exalte jusqu’au point que l’animal en est suffoqué. Je l’ai donc fait par quatre fois, j’ai trouvé que Vanhelmont avait dit la vérité. A l’occasion de quoi un Turc qui était présent en Egypte, où j’ai fait cette expérience pour la troisième fois, se récria que j’étais un saint d’avoir tué de ma vûë une bête qu’ils croyent être produite par le Diable, selon le principe erroné des Manichéens qui règne encore parmi ces peuples ignorans. Une autre fois, je l’ai fait tout de même, & le Crapaux n’en mourrut pas, et je n’en fus point incommodé ».

« Mais ayant voulu faire pour la dernière fois la même chose à Lyon, revenant des païs Orientaux; bien loin que le Crapaux mourût, j’en pensai mourir moi-même. Cet animal, après avoir tenté inutilement de sortir, se tourne vers mois; & s’enflant extraordinairement & s’élevant sur les quatre pieds, il souffloit impétueusement sans remuer de la place, & me regardait ainsi sans varier les yeux, que je voyais sensiblement rougir et s’enflamer ; il me prit à l’instant une faiblesse universelle, qui alla tout d’un coup jusqu’à l’évanoüissement accompagné d’une sueur froide et d’un relâchement par les selles et les urines. De sorte qu’on me crut mort. Je n’avais rien pour lors de plus présent que du Theriaque et de la poudre de vipères; dont on me donna une grande doze qui me fit revenir; & je continuai d’en prendre soir et matin pendant 8 jours que la foiblesse me dura ».

Ce texte pourrait appeler de nombreux commentaires, par exemple sur l’emploi de la Thériaque, ou encore sur cette attitude d’intimidation du crapaud qui se gonfle et qui correspond avec un fait réel, ou enfin sur les symptômes signalés par l’Abbé Rousseau qui sont ceux d’une envenimation ophidienne, mais ce qui me paraît plus important, c’est de retrouver le texte de Van Helmont, où il fait état de ces expériences.

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