Les Charbonnages de La Louvière et La Paix
La Société de La Louvière naquit en 1735, lorsque divers petits exploitants locaux s’unirent et obtinrent une concession perpétuelle pour l’exploitation de la houille sous un domaine appartenant à la très opulente abbaye d’Aulne.
Napoléon confirma la concession primitive par un arrêté signé le 9 août 1809, au camp de Schoenbrunn.
Après l’ancien régime, Napoléon avait attribué ou confirmé six concessions dans le Centre, à savoir les quatre composantes des Charbonnages de Mariemont-Bascoup (an IX, an XIII, 1806, 1808), La Louvière (1809) et sa voisine de Sars-Longchamps (1810), avec laquelle elle se fusionnera en 1895.
La concession s’étendait sur une longueur de 4 km entre la Haine et le ruisseau du Thiriau du Sart, et sur une largeur variant de 0,5 km le long de la Haine, à 1,4 km au centre de ladite concession, précisément à l’endroit où était installée la pompe de la Paix.
Fig. 1. – Plan de la concession du Charbonnage de La Louvière, 1858.
Sur le plan au 1/20000e (fig. 1), un tracé en trait d’axe représente les deux côtés du quadrilatère qui ne sont pas matérialisés par les ruisseaux. Au milieu du siècle dernier, les concessions voisines étaient celles du Bois-du-Luc et de Sars-Longchamps; le terrain n’était pas concédé au sud de la Haine.
Il n’est pas dépourvu d’intérêt de rappeler qu’en ce temps la production de la houille, exprimée en tonneaux, était de 40.000.000 pour les Iles Britanniques, 5.000.000 pour la France, 4.400.000 pour le Hainaut, 3.500.000 pour l’Allemagne. Ainsi donc, cette province égalait presque la France entière, surpassait nettement l’Allemagne, surclassait les autres pays, et dépassait même Albion dans le rapport production/superficie! Le Bassin du Centre à lui seul équivalait à l’Autriche. Il était donc normal que les Anglais et le groupe Rothschild se préoccupent de ses chemins de fer, et ce, pendant que l’Etat belge, après avoir tendu un beau réseau autour de Malines, ne pouvait, ni probablement ne souhaitait en faire autant autour de Mons. C’était déjà le début de la grande ère d’ignorance du sud … Malgré cela, il ya un siècle, le Hainaut totalisait à lui seul autant d’engins à vapeur, tant en nombre qu’en puissance, que les huit autres provinces réunies; ceci lui vaudra l’amer privilège, malgré une infrastructure sous-développée, de porter le pays à bout de bras, jusqu’à ce que l’envahisseur vienne ruiner cette province par divers coups mortels à terme.