Description et historique de la pompe à feu de la Paix
Cette machine fut établie en 1811, par le constructeur-mécanicien Haurix, de Quaregnon, pour le charbonnage de La Louvière.
Elle épuisait les eaux à une profondeur de 245 m et les déversait dans une galerie d’écoulement située à 30 m (vers le Thiriau); elle soulageait ainsi une bonne partie du sud de la concession de ses venues d’eau, et tout particulièrement la fosse voisine de l’Espérance.
Cette dernière, arrêtée en 1862, conserva sa machine à usage de cabestan pour le service de la pompe. Les deux puits communiquaient entre eux à plusieurs niveaux.
Le travail à produire était important, car le piston avait un diamètre de 1755 mm et une course de 2450 mm. Il battait 7 coups doubles par minute et la puissance était estimée à 120CV; toutefois, Gonot estime que le travail utile par seconde ne dépassait pas 40,5CV. Le jeu de pompes comportait 9 unités élévatoires ordinaires, de 248 m de hauteur et 250 mm de diamètre. Il avait été nécessaire de recourir à l’emploi de 2 chaudières circulaires « en champignon », de 4800 mm de diamètre, dont l’une en dessous du cylindre. Surface de chauffe de 32 m2 pour une pression de 0,083 kg/cm². Une 3ème chaudière, cylindrique, fut ajoutée en 1860, pour permettre l’entretien des autres.
L’établissement fut autorisé en 1811, année du placement et de l’épreuve, mais une autorisation de mise en usage fut délivrée le 1827-12-12.
Chaque coup de piston élevait 93 litres d’eau. La consommation de charbon était de près de 15 kg par CV et par heure.
Le prix total de revient annuel est estimé à 35.746 F, y compris une somme de 20.000 F représentant l’intérêt à 10 % du capital de premier établissement. Elle fonctionnait 2.555 heures par an, pour élever 102.650 m3 d’eau, pertes non comprises. L’alimentation des chaudières s’effectuait par un tuyau « de nourriture » amenant l’eau d’un réservoir rempli par la pompe elle-même. Les chaudières étaient en cuivre.
Le 3 octobre 1838, un accident fit deux tués. Un ouvrier tisonneur avait imprudemment ouvert le robinet de décharge d’une des chaudières de la pompe à feu; l’eau chaude s’était écoulée dans un aqueduc où se trouvaient les deux ouvriers. Le tisonneur a été condamné à une amende et à la prison. En mai 1889, deux photos furent faites expressément à l’occasion d’une visite du conseil d’administration, probablement une manière d’hommage à la vétérane que l’on mettait hors service. C’était probablement aussi l’une des premières manifestations d’archéologie industrielle …
Il fut encore constaté le 1891-11-03 que l’ensemble de l’installation continuait à chômer, mais ce n’est que le 1899-09-19 que la Pompe à feu de la Paix et le siège n° 5, fosse de l’Espérance, furent supprimés administrativement.
Remarquons encore que l’autre pompe à feu de la société, celle établie en 1798 au siège d’En Haut, est trouvée en mauvais état par Gonot (1845), et qu’elle doit être supprimée. L’appréciation générale portée sur les machines de Newcomen, à cette époque, mérite d’être rapportée.