Warocqué avait coutume de faire venir son photographe de Paris: c’est dire l’importance qu’il attachait à son iconographie. Nous lui en sommes débiteurs. Ces messieurs se sont dispersés sur les talus ou parmi les quelques ouvriers de la permanence d’entretien. Nous voyons, à gauche, le puits d’aérage avec ses arcades en retrait progressif, le pavillon du ventilateur, le bâtiment combiné du puits et de la salle des machines, avec des pavillons additionnels. La forme du toit principal s’explique sans doute par une première exploitation à l’aide de manèges à chevaux. A droite, la cheminée de section carrée, avec chapiteau et ancrages, adossée au pavillon de la chaufferie, fort peu visible, et devant elle, un petit réservoir utilisé pour le condenseur. A côté, la buse d’échappement de la machine d’extraction perce le toit de l’annexe. Cinq bâtiments correspondent à cinq époques différentes. La chaudière originale était du type circulaire « champignon » ; la machine était une Dorzée/Hornu de 1824, à double effet, basse pression, condensation, et sans balancier. Sa force était estimée de 19 à 20 CV. Son piston de 645 mm de diamètre avait une course de 1.020 mm, et donnait 30 coups doubles par minute. La pression de fonctionnement était de 0,285 kg/cm2 à 1/3 d’atmosphère. En 1849, la chaudière « champignon » avait été remplacée par une cylindrique. L’extraction a cessé dans cette fosse dès 1862; la chaufferie est encore utilisée pour le ventilateur, tandis que la machine est conservée à usage de cabestan pour la pompe à feu voisine, lorsqu’il faut remonter les jeux de tiges. L’ingénieur Dejaer mentionne que le puits de l’Espérance et celui de la pompe à feu de la Paix sont reliés entre eux à diverses profondeurs. Dès lors, le destin du siège 5 épousera celui de la pompe; avec elle, il sera mis en chômage en 1889, les parties mécaniques seront enlevées en 1895 et l’ensemble supprimé administrativement le 19 septembre 1899. La comparaison avec la gravure permet de se rendre compte des additions apportées: deux annexes droites de la salle des machines, puits d’air et bâtiment du ventilateur.
Fig. 3. – La fosse L’Espérance (fonds Warocqué, Musée de Mariemont).
La photographie de la fig. 4 est, à notre connaissance, la seule d’une machine de Newcomen en Belgique. Nous y retrouvons le même groupe, perché jusqu’au balancier de la pompe. Le balancier est formé d’une énorme poutre de chêne d’environ 800 mm de côté, et doublée avec colliers dans la zône du point d’appui. A gauche, le bac chargé de pierres et faisant office de contrepoids. Ses coins sont ouvragés. Au- dessous, un massif destiné à amortir une retombée trop brusque. A l’autre extrémité, au pied du secteur enchaîné, entre les deux messieurs chauves, se trouve la tête du puits. A l’avant du bâtiment, la chèvre, grand V de bois renversé, est destinée au relevage des éléments de la pompe. Un grand auvent à toit à deux versants, ouvert d’un seul côté, a pour mission de protéger les chaînes et autres parties mobiles métalliques contre les intempéries. Il est à noter que l’édifice présente le dos à l’ouest (côté chaudières). Il y a là une énorme chaîne de bicyclette, dont chaque maillon est plus gros qu’une tête humaine. L’édifice, de conception harmonieuse, présente encore des versants de toit à double inclinaison, dans le style de la renaissance espagnole (le constructeur, et aussi probablement architecte, était déjà productif au temps des Pays-Bas autrichiens). Les baies sont encadrées de pierres bleues. Les deux belles cheminées carrées ont une dalle de couverture; elles sont disposées symétriquement par rapport à la bâtisse, et justifiées par la présence de deux chaudières, disposition minoritaire chez les machines atmosphériques.
Fig. 4 – La pompe à feu de la Paix (fonds Warocqué, Musée de Mariemont).
L’ensemble des toitures de la pompe est recouvert d’ardoises, au contraire de l’Espérance, entièrement garnie de tuiles. L’aspect général des installations est encore fort acceptable pour un bâtiment industriel octogénaire que l’on va désaffecter, et qui comporte de grosses pièces en mouvement.
La gravure reprise en fig. 5 représente la coupe d’une installation de machine atmosphérique de Newcomen, avec son balancier à contrepoids, ses chaînes mobiles, le puits de pompage, la chaudière circulaire en forme de champignon supportant directement le cylindre moteur, le réservoir supérieur contenant l’eau de condensation, le bâtiment élevé caractéristique. Il s’agit du dessin de l’Encyclopédie représentant la machine du charbonnage du Bois-de-Boussu, près de Saint- Ghislain.