1983 – 6(2)

Quoi qu’il en soit, ce n’est plus à Liège, mais dans le Studium generale de Paris et de Bologne que les Liégeois apprendront la science nouvelle. De 1200 à 1350, Christine Renardy (1979) a recensé près de 700 universitaires en relation avec le diocèse de Liège. Ceux d’entre eux qui se destinent à la haute science font carrière à l’étranger. Ceux qui reviennent sont happés par des tâches d’arbitrage et d’administration.

Il reste cependant des foyers intellectuels discrets, mais particulièrement actifs.

C’est le cas pour l’abbaye de Saint Jacques, dans le domaine des sciences médicales. De nombreux manuscrits médicaux, aujourd’hui dispersés, portent la marque d’appartenance à cette abbaye. Ils sont concentrés sur le XIIIème et le XIVème siècles (Denoel, 1971). Malgré l’absence de catalogues antérieurs au XVIème siècle, on peut établir qu’ils étaient bien dans la bibliothèque à cette époque et qu’ils y furent commentés, grâce aux écrits du moine Léonard [[ S. Balau (1902b) reproduit la notice de Hyacinte Van der Meer, Bibliotheca scriptorum leodiensium, ms. BR 17639, Leonardus Belarmie monachum induit in monasterio sancti Jacobi Leodiensis vir studiosus et eruditus, scripsit non spernenda volumina de quibus
feruntur subjecta. De curatione podagrae lib. I qui ita incipit «Podagra est infirmitas pedum ».
Dicavitque Nicolao de Jardino. De regimine conservandae sanitatia lib. I Qui sic exorditur «ln vere cave frigus ». De diversis cibariis conficiendis lib. I Peste obiit anno 1401.]] .
Celui-ci composa, à la fin du XIVème siècle, un florilège médical [[ Leyde, Bibliothèque Universitaire. BPL 191 C, s. XV. f. 135r-140v. Extracta ex libris medicinalibus.]] , un ouvrage de diététique [[ Leyde, ms. cit., f. 141 r-154v De regimine conservandae sanitatis.]] et un De podagra[[ Darmstadt 435, f. 1r-75v De podagra.]]. Ces traités ne méritent pas l’édition. Ce sont des collections d’extraits, faits à partir de la bibliothèque de l’abbaye. On y observe le souci de couvrir tous les secteurs de la médecine [[ Pour le présent exposé, on se contentera d’établir la concordance entre les mss de L’abbaye et les citations du De podagra.]]. Les anciens sont peu représentés, avec le commentaire de Galien auxAphorismes d’Hippocrate [[ Cité De podagra, f. 3v et 4r.]], aux Epidémies [[ Cité De podagra, f. 35v.]] , au Règne des maladies aiguës[[ Cité De podagra, f. 34r.]] et une Chirurgie [[ Ms. Darmstadt 329.]].

Les Arabes s’y taillent une place importante: Johannitius avec l’Isagoge[[ Cité De podagra, f. 10r.]] , Razi avec des extraits du Livre à Almansor [[ Ms. Wolfenbüttel 51. 1. Aug. 2°.]] et un traité de pédiatrie [[ Ms. Wolfenbüttel 51. 1 Aug. 2°. ]] ; Avicenne avec des extraits du Canon [[ Ms. Darmstadt 501.]] , surtout Isaac Israeli avec son traité des définitions [[ Ms. Darmstadt 2640.]] , des humeurs[[ Cité De podagra, f. 14r.]], son traité des éléments [[ Ms. Darmstadt 2640.]], ses dietae universales et particulares[[ Cité De podagra, f. 4r.]], Haly Abbas avec le Pantegni traduit par Constantin l’Africain[[ Cité De podagra, ff. 5r, 22v, 46v.]] , Serapion traduit par Simon de Gênes[[ Ms. Wolfenbüttel 51.1. Aug. 2°, cité De podagra, f. 48r. ]], l’Ecole de Salerne est représentée par Constantin avec le Viatique [[ Ms. Darmstadt 319, cité De podagra, f. 4r.]], le Liber oculorum[[ Ms. Wolfenbüttel 51. 1. Aug. 2°.]] le Liber coitus[[ Ms. Wolfenbüttel 51. 1. Aug. 2°.]], le De gradibus[[ Ms. Darmstadt 2284.]], Gariopontus avec le Passionaire[[ Ms. Darmstadt 329.]], Copho avec le modus medendi[[ Mss. Darmstadt 329 et 2640.]] et les traités de thérapeutique de Platearius [[ Mss. Darmstadt 329 et 501; cité De podagra, f. 48r.]], Jean de Saint Paul[[ Ms. Darmstadt 329.
]], Barthélemy de Salerne [[ Ms. Darmstadt 501.]].
Mais on n’en néglige pas pour autant des textes plus récents, par exemple, Arnaud de Villeneuve avec son Régime[[ Ms. Darmstadt 753; cité De podagra, f. 66v.
]] ou son traité de la saignée[[ Ms. Darmstadt 501; cité De podagra, f. 327r.
]] .Certains d’entre eux sont très spécialisés, le Traité des médicaments[[ Ms. Wolfenbüttel 51. 1. Aug. 2°.
]] et celui des Urines de Gilles de Corbeil [[ Cité De podagra, f. 17r.
]],les commentaires à Constantin de Gérard Bituricensis[[Ms. Darmstadt 319, cité De podagra, ff. 6r, 7v, 14v, 48r. Aussi Darmstadt 501.]], et Jean de St Amand[[ Cité De podagra, f. 27r, 66v. ]].

Une bibliothèque qui pouvait rivaliser avec les plus belles librairies médicales d’Europe, mais aussi un monde fermé sur lui-même.

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