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ZENOBE GRAMME
INCERTITUDES BIOGRAPHIQUES

Maurice DAUMAS
Professeur honoraire au Conservatoire national
des Arts et Métiers (Paris)

Samenvatting

Zénobe Gramme : Biografische onzekerheden.

Analyse van de biografische studies omtrent de uitvinder van de
dynamo, waarbij wordt aangetoond dat de juiste omstandigheden van de
uitvinding weinig of niet gekend zijn.

Abstract

Zénobe Gramme : biographical uncertainties

Analysis of the biographical studies related to the inventor of the dynamo
shows that the circumstances of this invention are far from being known.

Les illustrations de cet article proviennent toutes du Centre de documentation d’histoire des techniques (Paris), que nous remercions d’avoir bien voulu nous autoriser
à les reproduire (NDLR).

Présenter un exposé sur Gramme dans un colloque [1]
comme
celui-ci paraissait une tâche très facile tellement ce nom est traditionnellement attaché à celui de la création de l’électricité industrielle.
Lorsqu’on essaye d’analyser ses travaux et les circonstances dans lesquelles ils ont été accomplis, on s’aperçoit très vite qu’il s’agit d’un sujet
difficile sur lequel nous ne connaissons pratiquement rien. Aussi cet
exposé va-t-il poser beaucoup plus de questions qu’il n’apportera de
certitudes.

La littérature sur Gramme est aussi abondante que naïve.
Abondante parce que les discours et notices biographiques ont été
nombreux. Mais à peu de chose près, ils ne sont que les copies de l’un
sur l’autre. Naïve parce que tous ces textes reprennent les informations
contenues dans les deux seules études un peu plus développées qui ont
été consacrées à Gramme.

La première est celle d’Oscar Colson publiée en 1903, deux ans
après la mort de Gramme, et cinq fois rééditée jusqu’en 1913. Il semble
qu’elle n’ait pas connu une très grande diffusion ; je n’ai pu la trouver
dans aucune bibliothèque en France. La seconde est le petit opuscule
de Jean Pelseneer dont la première édition date de 1941 et que j’ai
consulté dans sa deuxième édition de 1944. Dans cette brochure de
80 pages, l’apport personnel de l’auteur est extrêmement court,
34 pages. Il est suivi d’une bibliographie assez détaillée où articles
scientifiques et notices de circonstance sont mêlés. Malheureusement
Pelseneer ne s’est pas servi de la littérature scientifique dont il fait état
pour essayer d’analyser les travaux de Gramme entre 1861 et 1877. Le
reste de la brochure est du remplissage avec certains textes des communications à l’Académie de Paris et des allocutions de banquets et
d’inaugurations.

En somme, Pelseneer semble s’en être tenu très étroitement
aux informations de Colson qui rassemblaient toute la biographie
connue ou supposée de Gramme, constituée d’anecdotes, soit dépourvues de signification, soit légendaires.

Enfin, le Dr Louis Chauvois a publié en 1963, chez Blanchard,
une petite étude sur Gramme remarquable par sa bonne volonté et sa
naïveté. Louis Chauvois avait alors près de 85 ans, mais avait conservé
un esprit, et un corps, alertes. Il était spirituel et avait une conception de
la « machine humaine » qui, toutes choses égales, n’était qu’une transposition des conceptions cartésiennes sur la nature animale. L’un de
ses ouvrages de 1926 est intitulé : La machine humaine enseignée par la
machine automobile
. Son exposé sur Gramme de 1963 commence par
la description d’une magnéto d’automobile. Il s’intéressait à Gramme
parce que, lui, Chauvois, avait été de 1930 à 1940 le préparateur de
d’Arsonval qui avait parfois rencontré Gramme dans les dernières
années de la vie de celui-ci, c’est-à-dire vers 1880-1900. J’aimais bien
le Dr Chauvois que je connaissais depuis une vingtaine d’années ; lorsque nous avons parlé de son travail sur Gramme, j’ai compris tout de
suite qu’il n’apporterait rien de nouveau sur le sujet. Mais il m’a paru
impossible de l’orienter différemment ; par exemple vers l’étude comparée des différents brevets de Gramme avec les différentes machines
déjà en service à cet époque pour essayer d’analyser sa démarche d’inventeur.

Il faudrait encore, pour être complet, citer Brien (1968), qui en
fait ne fait que reprendre les données de Pelseneer.

[1 Communication présentée le 5 décembre 1980 au Colloque Histoire des Sciences dans
l’Ancien Pays de Liège, Hommage à Marcel Florkin
, organisé au château de Colonster par
MM. Pierre Laszlo et Robert Halleux de l’Université de Liège.

[2 Toute collaboration sous la forme de recherches d’anciennes machines et de documents
s’y rapportant sera la mieux venue. S’adresser au Centre d’Histoire et de Technologie rurales, 77, rue de la Gare, 6390 Treignes, Tél. 060/399624.



















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