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Il semble qu’ici les auteurs soient trop radicaux ; en effet, nous avons trouvé dans les archives de la Police (carton 9) de la Ville de Bruxelles une lettre datée du 23 juillet 1832, d’un
certain François, administrateur de la Sûreté publique, adressée au Bourgmestre de la capitale. Celle-ci signale un complot de plus ou moins 80 ouvriers typographes qui prévoient
d’aller briser les presses mécaniques installées nouvellement chez Demat. Et notre personnage précise dans la lettre qu’il tient ces renseignements d’un "employé ordinairement bien
informé" ! Il y a donc déjà en 1832, à la fois des presses mécaniques à Bruxelles et des mécontentements importants dans le milieu ouvrier causés par cette innovation !
A notre avis donc, il y avait, avant 1847, quelques presses mécaniques dans la capitale, mais ce n’est que dans les années 1850 qu’elles s’imposèrent définitivement. J. Dumont nous
explique les troubles que causa l’arrivée de ces machines, particulièrement dans les rangs des pressiers. En effet, une machine remplaçait quatre ouvriers ! On comprend dès lors la
lenteur avec laquelle cette nouveauté s’est imposée dans la capitale, d’autant plus que les presses à bras rivalisèrent sérieusement avec la presse à moteur au point de vue de la
qualité du travail. Dans son lexique typographique Dumont explique : "Lors de notre entrée en apprentissage, en 1866, l’imprimeur qui nous occupait faisait le tirage, sur deux presses
à bras, d’une bible. L’impression était irréprochable : nous estimons que la presse mécanique n’aurait su obtenir un résultat semblable".
Les conséquences de l’introduction des presses mécaniques dans les imprimeries furent immédiates pour le monde du travail : un grand nombre de travailleurs s’expatrièrent ou
changèrent de métier, d’autres firent l’effort d’étudier le mécanisme de la nouvelle presse et devinrent conducteurs (Hubert, 1892).
5. - « DAVID ET GOLIATH » ou PRESSES ET ROTATIVES
Ce n’était encore là qu’un début, car rapidement la machine de Koenig va subir des améliorations [15]. La mouvement politique de 1848 provoque, en effet, un développement
extraordinaire de la presse périodique qui exige une augmentation de la production.
Le moyen d’impression le plus expéditif jusqu’alors allait naître : la machine rotative. Au début, cette machine, dont l’initiative appartient à Sir Rowland Hill (l’introducteur du timbre
poste en Angleterre) n’imprimait qu’un côté à la fois. Mais très vite Thomas Nelson (d’Edimbourg) eut l’idée d’imprimer avec le rouleau de papier continu et les clichés courbés
(perquy, 1904).
En 1868, M. Marinoni livre au "Petit Journal", une rotative de 40.000 francs produisant 36.000 exemplaires à l’heure (Perquy, 1904) et bientôt on trouve des rotatives dans les ateliers
du Moniteur Belge et dans ce que Perquy appelle des "maisons de labeur", c’est-à-dire des grandes entreprises où elles servent à l’impression de grands travaux administratifs
(guides des chemins de fer, etc ...).
C’est dès lors la course à la productivité entre les différents fabricants : Walter, puis Marinoni et Derriez, puis M. H. Jullien se trouvèrent tour à tour à la pointe du progrès.
Et pendant que ceux-ci s’efforçaient de trouver des moyens de production plus puissants pour répondre aux nouvelles exigences de la presse, d’autres s’ingéniaient à construire une
presse plus légère et moins chère pour les petits travaux (petits ouvrages, affiches ou épreuves). De ces recherches naquit la "presse à pédale" dont la première fut présentée au
monde de l’imprimerie par l’américain Georges Gordon et que l’on construisit sous le nom de "Gordon Press" (1850). A de très rares exceptions, toutes les imprimeries de Bruxelles
en firent l’acquisition, si bien qu’à la fin du siècle beaucoup d’artisans n’avaient même aucune autre presse [16].
Dans le même sens une autre innovation fut le "presse à main" dont les dimensions permettaient l’impression de tous travaux sans devoir déranger d’autres machines (son tirage
pouvait atteindre 700 exemplaires à l’heure). Ces presses furent précieuses et favorisèrent l’éclosion et le maintien de nombreuses petites imprimeries (Dumont, 1903), étant d’un
coût relativement minime et donnant de magnifiques résultats, toutes les imprimeries bruxelloises, sauf celle des grands journaux quotidiens, en possédaient au moins une lorsque
Perquy rédige son livre, c’est-à-dire en 1904.
[1] M.-A. Arnould, 1976.- Quand sont apparus les premiers moulins à papier dans les anciens Pays-Bas ? in Villes d’imprimerie et moulins à papier du XIVe au XVIe siècles ; aspects économiques et sociaux.
Crédit Communal de Belgique, Coll. Histoire Pro Civitate, sér. in-8°, n° 43 : 267 -298.
[2] W. Kaefer, 1971. - L’industrie du papier à Malmedy, Dison, 60 p., voir p. 15.
[3] Salaman (1976) beschrijft een gelijkaardig doch zwaarder werktuig om gaten te verbreden. Om dat te kunnen doen, werd gewoon een cilinder op de punt van een zware snijpasser gestoken, waarvan de
doorsnede
overeenstemde met de breedte van het gat.
[4] De verstelbare centrumboor, een jonger werktuig, kan eveneens gaten van verschillende doorsnede boren doch snijdt geen schijf uit. De sponzaag daarentegen kan niet versteld worden maar zaagt wel schijven uit.
De geschiedenis van dat laatste werktuig is nog nagenoeg ongekend.
[5] Vandaar de benamingen schijfboor, washer-cutter en coupe-rondelle. Men maakte ook gebruik van een stokpasser waarvan een punt door een mes of een scherpe stalen priem vervangen werd
(Karmarsch, 1860, die dan van snijpasser spreekt) of van een werktuig dat op de hier gesproken snijpasser geleek maar waar er i.pl.c. de kruk een recht hecht was of een angel die in een
booromslag geplaatst diende te worden (b.v. de niet gedateerde catalogus van de firma C.S. Osborne & C°., Standard tools : 8-9 ; Knight, 1876-84).
[6] p. 310. Zie verder Maissen, 1943, m.b.t. Zwitserland ; Feller & Tourret, 1970, m.b.t. Frankrijk, doch deze auteurs identificeren het werktuig niet ; Salaman, 1976, vooral m.b.t. Engeland ; op te merken
valt dat afb. 719 waarschijnlijk een snijpasser voor hout en niet voor leer voorstelt ; Podolak, 1969, m.b.t. Tjekoslovakije ; enz.
[7] Rechts van de passer, boven de fretboor, is een werktuig te zien dat niet met zekerheid geïdentificeerd kan worden. Wellicht gaat het om een dwarsaks, d.i. een timmermanswerktuig waarmee pen- en
gatverbindingen gehouwen werden. Het zou dan een van de eerste gekende afbeeldingen van dat werktuig zijn (zie David, 1977)
[8] Comme nous le savons, la démarquation entre les "zones imprimantes" et les "zones non imprimantes" des formes est réalisée par diverses méthodes qui caractérisent chacune un procédé
d’impression. Les deux plus anciennes font appel à des différences de niveau. L’encre prend préférentiellement sur les reliefs, c’est le procédé typographique, ou dans des creux, c’est l’héliogravure.
La troisième méthode, la lithographie, utilise des formes sans relief, ni creux, et est basée sur le comportement particulier de divers matériaux spécialement traités (Martin, 1979)
[9] Dès le début du XVIIIème siècle, des tentatives furent faites en vue d’utiliser de l’argile ou du plâtre pour prendre l’empreinte. C’est cette méthode que Didot appliqua vers 1800 ; mais la solution définitive ne fut
apportée qu’à la fin du siècle grâce au "flan". Le flan est une sorte de carton tendre qui possède une face satinée et qui convient beaucoup mieux aux exigences de la reproduction (Martin, 1979).
[10] Le premier atelier fut installé rue de Louvain n° 11. C’est là que Ch. Senefelder imprima une litho de Coene et une autre de W. B. Craan. Le miniaturiste anglais H. John, qui habitait Bruxelles, confiait en
même temps à Senefelder l’impression du portrait en pied d’un personnage populaire bruxellois, le barbier J. B. Franckx, dont on venait de fêter le centenaire. Le second atelier de Ch. Senefelder fut
établi rue de la Montagne. C’est là que sont domiciliés les portraits de deux artistes du Théâtre Royal de la Monnaie : Melle Michelot et le chanteur d’Arboville, qui venait de remporter un vif succès dans
l’opéra de Boieldieu : Le petit Chaperon Rouge (Liebrecht, 1934).
[11] J. B. Madou, alors employé à Mons, avait déjà fait ses preuves, d’abord comme dessinateur calligraphe de l’armée, ensuite dans des compositions de fantaisie lorsqu’il commence à travailler pour Jobard.
Mais il allait connaître une renommée bien plus grande en tant qu’artiste lithographe dans les années qui suivent. Ses œuvres les plus remarquables sont : Scènes de la vie des peintres (1842) ;
Physionomie de la société en Europe de 1400 à nos jours (1837) etc ... (Liebrecht, 1934).
[12] Jobard : rue de la Chancellerie, puis rue de Loxum ; Willaume F. : rue de la Couronne ; Vanderburgraaf : rue des Chandeliers ; Goubaud : rue d’Assaut (Liebrecht, 1934).
[13] Les historiens ne sont en général pas d’accord sur le nom de son inventeur. Certains avancent les noms des anglais Bansley et Nicholson, mais ce qui est certain, c’est que le point de départ de toutes les
machines à imprimer a été l’invention de Koenig, voir Dumont p. 261 et suivantes (Perquy, 1904).
[14] Elle fait d’abord parler d’elle à Londres, où en 1814, le célèbre constructeur Koenig fournit au Times deux machines mues par la vapeur. Ces nouvelles machines furent mises en mouvement dans la soirée du 28
novembre 1814, dans le plus grand secret. En effet, le Times se méfiait de la réaction des ouvriers pressiers. Et le lendemain, le journal portait en tête de son numéro, le texte suivant :
"Notre journal de ce jour offre au public le résultat pratique du plus grand perfectionnement qu’ait éprouvé l’imprimerie depuis sa découverte ; les lettres une fois placées par les compositeurs et enfermées dans la
forme, l’on n’a guère plus qu’à rester tranquillement témoin ... il suffit de lui fournir du papier… » (Perquy, 1904).
[15] La première machine n’imprimait qu’un côté de la feuille à la fois. De perfectionnements en perfectionnements, Koenig finit par réunir le mécanisme de deux machines de manière à pouvoir imprimer une feuille
des deux côtés à la fois. La presse double (ou à retiration) était créée (1815).
[16] En 1852, Degener et Weiler exposent à Londres une presse baptisée "Liberty" donnant un tirage de 1.200 exemplaires/heure.