1981 – 4(1)

Cette extension provoqua un afflux de travailleurs venant du reste de la province du Hainaut, du Brabant et des Flandres. Voici quelques chiffres : 15 ouvriers en 1700; 85 en 1780; 245 en 1810; 520 en 1830 ; 958 en 1860 ; 2.800 en 1900 …

L’âpreté du métier de mineur et les appels d’autres industries détournèrent les Belges du charbonnage, surtout à partir de 1940; il y avait, à cette époque, 8 % d’immigrés; ils étaient 65 % au moment de la fermeture (au fond, 75 %)[[ Source: Statistiques FEDECHAR. ]] …

Mis en route par les épreuves ou par les guerres, ou bien séduits par une publicité prometteuse, ils vinrent de 33 nations différentes: presque toute l’Europe, l’Afrique du Nord, la Turquie, le Brésil… Sans leur participation, l’exploitation de nos mines aurait dû cesser dès 1950.

La production de Bois-du-Luc fut énorme: 64.000.000 de tonnes de charbon qui se répandirent dans toute la Belgique, mais aussi en France, en Suisse, en Italie, en Hollande, en Scandinavie, au Maroc… Il faut y ajouter plus de six millions de tonnes de coke et 225.000 tonnes de sous-produits: ammoniaque, benzol, goudron, huile légère, naphtaline…

A la pointe du progrès technique

Dès sa fondation, Bois-du-Luc eut recours à des procédés techniques importants et ingénieux. En 1685, le principal problème était celui de l’exhaure. On exploitait à flanc de côteau ; mais l’inclinaison progressive des couches charbonneuses bloquait les charbonniers qui ne pouvaient risquer constamment leur vie dans les veines inondées. Les maîtres ouvriers imaginèrent la mise en place d’un «Grand Conduit», énorme drain de chêne, fait de troncs évidés ajustés bout à bout, et qui permit l’assèchement rapide des terres exploitées. La mise en place et l’entretien de ce conduit exigèrent des efforts considérables; mais l’expérience était payante. Plus tard, ce drainage fut étendu plus largement : près de dix kilomètres de «buses» permirent l’expansion continue de la société[[ En 1926, un morceau de ce conduit en chêne fut découvert à Génival, au bord du Thiriau du Sart, non loin des premières fosses de Houdeng. ]] .

En 1780, les sondages réalisés à Bois-du-Luc [[A la fin du 18ème siècle, cette localité était couverte presque entièrement par un bois, traversé par le ruisseau du Lucq (mot d’origine celtique qui signifie étang).]] amenèrent les associés à oser de nouvelles et importantes dépenses : à grands frais, ils firent installer une «pompe à feu » capable de puiser l’eau à une profondeur de 112 m; elle se composait d’un cylindre de 45 pouces de diamètre actionné par un balancier aux mouvements lents, mû par une chaudière en marmite [[ Plumet, op. cit., p.88. ]].

En 1806, une deuxième «machine à épuisement» fut mise en place; elle avait une puissance de 75 chevaux; une troisième, installée à la fosse Saint-Emmanuel, était quatre fois plus importante…

Dès le début du 18ème siècle, Bois-du-Luc développa ses ateliers: menuiserie, fonderie, forge, ateliers mécaniques… Cette richesse technique se développa sans discontinuer, grâce au zèle des artisans et ingénieurs de toutes époques; c’est à Bois-du-Luc que furent mises au point les fameuses lampes Demeure [[L’ingénieur Adolphe Demeure était fort estimé par toute la population de Bois-du-Luc; il avait obtenu divers brevets, notamment pour la fabrication du coke. Il quitta son poste d’ingénieur principal suite a un différend avec la Direction; il devint ensuite directeur des Charbonnages de Limbourg-Meuse, en Campine (Archives anciennes, vol. 68, p. 540 et sq.)]]; l’abattage au marteau-piqueur y fit son apparition en 1908 et fut systématisé en quelques années. On utilisa longtemps le modèle RIMO[[ Ce marteau-piqueur avait été mis au point par l’ingénieur Richard et par le chef d’atelier Monoyer. Jusqu’à ce jour, les responsables du Musée de la Mine, à Bois-du-Luc, n’ont pas encore réussi a en retrouver un exemplaire.]] , construit entièrement dans les ateliers de la Société; plus tard, les marteaux-piqueurs Colinet, plus souples et plus légers, furent progressivement adoptés.

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