1979 – 2(1)

Ducastelle (1978) nous propose: « l’archéologie industrielle est le prolongement pour l’époque de la révolution industrielle (de la fin du XVIIIe siècle à 1914) de l’archéologie traditionnelle. Elle vise donc à rechercher et à étudier scientifiquement les vestiges matériels de cette époque où l’industrie devient l’activité économique principale ». Pour illustrer cette définition et donner un aperçu des méthodes de l’archéologie industrielle, l’auteur expose ensuite ses résultats, accompagnés d’une abondante documentation, sur l’intéressant site des carrières de Maffle (région d’Ath).

Quant à van den Abeelen (1978), enfin, il déplace notre problème de définition. Admettant l’acception des pionniers anglais de la discipline (à savoir l’archéologie de la Révolution industrielle), il cherchera à délimiter la signification du terme « Révolution industrielle » [[Signalons deux articles antérieurs, abondamment illustrés: van den Abeelen (1973, 1975). Dans le premier de ces articles, quelques indications bibliographiques sur l’idée de la Révolution industrielle. Comme pour de nombreux historiens, la Révolution industrielle est pour cet auteur un phénomène socio-économique reproductible: la phase d’industrialisation, souvent assez explosive, d’une région quelconque. Ce n’est pas l’acception acceptée par tout le monde, et les historiens des techniques, par exemple, rejettent cette utilisation abusive (et peut-être naïve?) du terme. Ainsi Daumas (1968): « Cependant l’utilisation du même terme de révolution industrielle pour désigner la phase d’industrialisation des différents pays du monde, qui s’est partout produite après celle de la Grande-Bretagne, est difficilement acceptable. Encore serait-elle tolérable pour la France lorsqu’on étudie la première moitié du XIXe siècle; mais elle doit être rejetée lorsqu’il est question des pays de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est. Le phénomène a peut-être quelques traits communs au point de vue économique, au point de vue social et technique il est totalement différent. En particulier aucun pays n’a été, comme la Grande-Bretagne entre 1780 et 1800, un foyer d’inventions et d’innovations aussi cohérent et aussi autonome. L’industrialisation, et quand nous parlons d’industrialisation nous entendons aussi bien l’apparition des procédés de production modernes que l’implantation des chemins de fer ou la distribution du courant électrique, l’industrialisation s’est faite par des emprunts aux pays initiateurs et l’assimilation de ces emprunts de façon suffisamment complète pour que le pays en question prenne rang à son tour de pays initiateur. Dans cette perspective il est difficile de prétendre qu’une révolution industrielle se soit produite à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis. Il serait erroné de parler de révolution industrielle à propos de la Chine, ou de pays africains de la seconde moitié du XXe siècle. » Il convient toutefois de signaler que l’on a pu soutenir la thèse d’une Révolution industrielle … au Moyen Age (Gimpel, 1975).]]

Il apparaît en somme, si l’on reste au stade d’une lecture disons superficielle, que nos trois auteurs s’entendent pour une définition qui serait: l’étude des vestiges matériels d’un moment de l’histoire caractérisé par l’apparition et le développement de l’industrialisation.

Ce consensus n’est pas étonnant si l’on note, avec Linters (1978), que lors de la Third International Conference on the Conservation of Industrial Monuments (à Stockholm en 1978) on a pu aboutir à une « goedgekeurde en aanvaarde werkdefinitie der industriële archeologie: een konsistent wetenschappelijk werkterrein: dat de materiële infrastruktuur der industriële periode in zijn brede realisaties en in zijn maatschappelijke kontekst omvat; en dat een totaliteit vertoont qua onderwerp (de totale vroegere industriële maatschappij) … qua bronnen en heuristiek … qua methoden … qua aanpak: studie en konservatie dienen samen te gaan. »

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