La plupart des hommes compétents admettent que ces 80 kilomètres à l’heure sont, tant que dureront les conditions actuelles, la limite de la vitesse pour les voyages par terre ». Restons dans le domaine des transports en commun. Le développement logique n’est-il pas l’automatisation totale, avec suppression du conduc¬teur humain, une fois que la fiabilité du matériel électronique aura dépassé la fiabilité humaine en matière de conduite de matériel roulant? Gageons qu’une telle substitution ne sera pas opérée sans quelque résistance.
D’autres exemples encore? Prenons-les dans notre vie quotidienne. Les transistors qui équipent nos postes de radio n’ont pas immédiatement remplacé les tubes à vide. Les techniques modernes de distribution (« grandes surfaces ») n’ont pas encore éliminé totalement les petits détaillants. Les communications téléphoniques n’ont pas encore aboli les relations épistolaires. Il existe encore, à l’heure des calculatrices électroniques de poche, des adeptes de la règle à calcul … Empruntons un dernier exemple à Huisman et Patrix (1961): « D’abord en bois, et profonde, l’assiette s’est spécialisée en assiette plate et en assiet¬te creuse. Les assiettes de porcelaine ou de faïence étaient tournées, d’où leur forme ronde, et présentaient de larges bords pour permettre le refroidissement des soupes et potages qui étaient la base de l’alimentation. Sautons un siècle, trouvons-nous subitement dans un self-service et regardons les clients essayant de ranger sur leur plateau les différentes assiettes rondes qu’on leur offre. On comprend tout de suite que l’assiette contemporaine n’a plus aucune raison d’avoir une forme tournée, puisqu’elle est généralement moulée et qu’une forme s’inscrivant dans un carré ou un rectangle s’ordonnerait dans un plateau. Il en va de même pour ranger les aliments dans un réfrigérateur, ou tout simplement pour ranger la vaisselle dans un placard ».