Ce cycle de conférence est organisé conjointement par le Centre National d’Histoire des Sciences CNHS et la bibliothèque des Riches Claires.
Avec le soutien de la Commission communautaire française
Mardi 4 février à 18h30
Élaboration et transmission du savoir artistique dans les réceptaires du Moyen Âge par Sylvie Neven, chargée de recherches du FRS-FNRS à l’Université de Liège
Tout qui s’intéresse au savoir artistique médiéval doit prendre en considération les textes que rédigèrent peintres, graveurs et architectes du temps, afin de transmettre à d’autres artistes leurs connaissances ou de les diffuser plus largement. Ce ne sont toutefois pas toujours des praticiens qui rédigèrent ces écrits. Certains l’ont été par des profanes, le plus souvent scribes et/ou religieux, imprégnés par l’idée que l’écrit domine la pratique. Il en va ainsi pour les livres de recettes artistiques qui nous renseignent sur la préparation et la mise en œuvre des matériaux dont disposaient autrefois les artistes et qui rendent compte de leurs techniques et de leur maîtrise artistique.
En réalité, plusieurs catégories d’individus ont participé à l’écriture et à la diffusion de ces ouvrages. En nous fondant sur un vaste corpus de réceptaires moyenâgeux, majoritairement consacrés à l’art de la peinture et de l’enluminure, nous déterminerons les intérêts et les motivations diverses de ces personnes. Il s’agira également de définir plus exactement leur implication dans la transmission du savoir artistique. Nous démontrerons ainsi que leur rôle ne s’est pas limité à la simple copie en envisageant, en outre, les modalités de composition des réceptaires anciens et les remaniements dont ils ont fait l’objet au cours du temps. Nous verrons comment, de miscellanea anonymes, ces collections de recettes vont peu à peu devenir de véritables traités sur la couleur, les matériaux et les techniques picturales de l’époque.
Ce faisant, nous mettrons en lumière de véritables réseaux de personnalités, au sein desquels artisans, scribes et savants expérimentaient, organisaient, échangeaient et diffusaient le savoir artistique de l’époque.
Mardi 18 mars à 18h30
A la découverte des éléments de la matière par Jean C. BAUDET, philosophe
Qu’est-ce que la matière, « ce dont » est fait le monde ? C’est par cette interrogation que commence, en Grèce, il y a plus de deux mille cinq cents ans, la philosophie, et c’est de cette recherche philosophique que, il y a quelques siècles, se dégagera la science. On examinera donc les premières réponses à cette grande question, parcourant l’histoire de la philosophie d’abord, de la science – physique et chimie – ensuite. Et l’on verra que l’esprit humain a oscillé entre l’Un et le Multiple, entre le substantialisme et le structuralisme, à partir de l’idée d’un « élément » unique avec Thalès de Milet, puis avec l’idée des nombres entiers à la source de toutes choses avec Pythagore de Samos, puis avec des théories plus élaborées (les quatre éléments d’Empédocle, les trois principes de Paracelse…), et enfin avec cette extraordinaire découverte du tableau « de tous les éléments » par Dimitri Mendéléev en 1869. Ce voyage dans le temps et dans les idées les plus diverses sur la constitution ultime du monde permettra de tirer quelques conclusions sur le mécanisme du « progrès scientifique ».
Mardi 1er avril à 18h30
La guerre, cette « merveilleuse opportunité… » : science, technologie et société durant la Première Guerre mondiale par Kenneth Bertrams, chercheur qualifié FNRS et chargé de cours à l’ULB
Pour de nombreux observateurs, la Première Guerre mondiale est considérée comme le premier grand conflit « scientifique » ou « technologique » de l’Histoire. Citons pêle-mêle l’introduction des chars, des croiseurs et des sous-marins, l’utilisation sur le front d’explosifs controversés comme les gaz chimiques, l’importance de la chirurgie et de la médecine militaires, le rôle des experts dans les états-majors et les administrations civiles, l’organisation « scientifique » du travail à l’arrière du front, dans les usines, etc. Les exemples abondent pour montrer l’irruption de la « technoscience » dans la société et le brouillage des frontières entre la nature civile et militaire, fondamentale et appliquée, de la science.
En s’appuyant sur les travaux récents des historiens, l’exposé va tenter de faire le point sur les enjeux miliaires, le poids économique et la nature politique des pratiques scientifiques durant la Grande Guerre. L’accent sera mis sur l’attitude de quelques savants belges et étrangers et la façon dont la guerre a constitué, pour nombre d’entre eux, une « éducation politique ».
Mardi 13 mai à 18h30
La photographie est la véritable rétine du savant : photographie et sciences en Belgique au XIXe siècle par Marie-Christine Claes, Docteur en histoire de l’art, Responsable de l’infothèque – Département Documentation à l’Institut royal du Patrimoine artistique
Pendant plus de cinquante ans, la photographie a été l’affaire de personnes disposant de bonnes notions de chimie (outre de bonne notions de physique optique), car jusqu’aux années 1880, le photographe devait sensibiliser lui-même ses plaques négatives et ses papiers photographiques.
Par ailleurs, nombre de savants belges ont utilisé la photographie dans le cadre de leurs activités.
A travers des exemples concrets, nous mettrons en avant ces chimistes, médecins, astronomes ou naturalistes, qui ont amélioré ou exploité les techniques photographiques. Nous verrons comment les scientifiques belges ont excellé – à un niveau international – à l’amélioration du médium et comment celui-ci a contribué au développement et à la valorisation de la recherche en Belgique.