1986 – 9(3)

BANŪ MŪSĀ
(1979)

The Book of Ingenious Divices, Kitāb al-hiyal.
Translated and annotated by Donald R. Hill.
D. Reidel, Dordrecht – Boston, X-267 p., ill.

Une revue des éditions de textes scientifiques et des titres de dissertations académiques consacrées à l’histoire de la science témoigne de l’intérêt que la recherche porte aujourd’hui aux sources médiévales en général et islamiques en particulier. Dans cette ligne s’inscrivent deux traductions de Donald R. Hill : The Book of Knowledge of Ingenious Mechanical Devices (1974) d’al-Jazarĩ (ca 577 /1181) et celle de l’œuvre des Bañu Mūsā (1ère moitié du IXème siècle) qui nous occupe ici. Le choix qu’a fait Hill de ce dernier texte sera mieux apprécié si on rend compte de la place importante, voire unique, que les Banū Mūsā occupent dans le mouvement scientifique pendant le moyen âge islamique, spécialement dans l’histoire de la mécanique. En effet, cet ouvrage des Banū Mūsā est le seul à ce jour qui traite de la tradition pneumatique/hydromatique au cours de cette période.

Composé dans la deuxième moitié du IXème siècle, il était encore en vigueur au XIVème siècle. Outre sa valeur intrinsèque cette traduction a le mérite d’être la première traduction complète en quelque langue que ce soit.

Les auteurs de ce traité sont les trois fils de Mūsā b. Shākïr (m. entre 198/813 et 218/833) : Muhammad (m. 259/873), Ahmad et al-Hasan. C’est Ahmad, qui avait une connaissance étendue des constructions mécaniques, qui a très vraisemblablement composé ce traité. Vingt ouvrages sont attribués par les historiens médiévaux arabes aux Banū Mūsā ; Hill en cite la liste à la suite de la biographie des trois frères.

La traduction de Hill repose sur trois manuscrits: Vatican n° 317; Berlin/Gotha (Berlin, Catalogue von Ahlwardt N° 5562 et Gotha, Catalogue von Pertsch N° 1349) et Topkapi Seray Mükesi A 3474. Les deux premiers ont déjà été employés par E. Wiedemann et F. Hauser. Celui de Topkapi a été découvert par Hill ; son rôle est capital car il nous permet de clarifier, voire de corriger les jugements portés sur les Banū Mūsā. On constate en effet que certaines erreurs qui figurent dans les manuscrits du Vatican et de Berlin/Gotha et qui étaient jusqu’à présent attribuées au manque de précision et d’exactitude des Banū Mūsā ne sont en réalité que des fautes de copistes. La supériorité du Topkapi sur les autres tient non seulement au texte mais aussi aux illustrations et aux lettres d’identification: celles-ci en effet éclairent le texte même et le font mieux comprendre. Pour toutes ces raisons Hill a choisi le Topkapi comme manuscrit de base et le Vatican comme manuscrit d’appui, tout en se réservant d’inverser ces rôles en cas de nécessité.

Pour présenter la matière, Hill procède de la façon suivante: a) pour chaque modèle d’appareil, il donne deux illustrations : une reproduction photographique de l’illustration qui figure dans les manuscrits et une représentation personnelle où il remplace les lettres arabes par des lettres latines. b) Quand la compréhension de la construction ou du fonctionnement d’un appareil le demande, il complète le dessin et ajoute un commentaire sur le fonctionnement ou sur les principes physiques et mathématiques sur lesquels repose la construction de l’appareil. En choisissant quelles opérations techniques ont besoin d’être exposées, le commentateur impose donc son jugement au lecteur.

Hill consacre un chapitre à la description des mécanismes qui figurent le plus souvent dans les 100 modèles – plus 3 en appendice – qui sont exposés dans l’ouvrage. Il en retient 10, par exemple le siphon concentrique, le siphon concentrique double, la valve conique. En donnant ainsi une fois pour toutes les principes essentiels des mécanismes les plus courants, il évite de devoir les répéter.

Les appareils aérostatiques décrits par les Banū Mūsā comprennent des ustensiles comme: des vases pourvus de mécanismes variés, par exemple pour permettre un écoulement fractionné du liquide ou pour éviter de mélanger des liquides, des chaudières, des cruches impossibles à remplir, des abreuvoirs à remplissage automatique, des fontaines, des jets d’eau, etc.

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