1986 – 9(1)suite

La focalisation affective sur le charbon risquait de négliger une sidérurgie wallonne en pleine restructuration. La naissance prochaine de l’A.S.B.L. Archéologie industrielle de la Sambre, à Charleroi, permettra sans doute de combler un vide dans ce domaine.

Dans une démarche parallèle, il faut citer le travail effectué à Bruxelles par l’A.S.B.L. La Fonderie [[Rue de la Colonne, 1 à 1080 Bruxelles. ]]qui aménage le site de la « Compagnie des Bronzes » en un musée de l’histoire industrielle et sociale de la région bruxelloise.

L’exposition itinérante que réalise le Patrimoine industriel Wallonie-Bruxelles (P.I.W.B.), s’efforcera de souligner la variété des réalisations effectuées ou projetées.

Le souci de conservation ne doit cependant pas figer une région en empêchant sa reconversion. S’il est normal de transformer certains bâtiments industriels en musées vivants, il est nécessaire de s’orienter surtout vers la réhabilitation à fonction économique ou sociale: entreprises nouvelles, centres d’artisanat, coopératives de production, centres de recherche[[Au Bois-du-Luc, un Centre de Recherche en Fonderie a été installé dans l’ancienne fonderie du charbonnage. ]], logements [[
La rénovation des Carrés du Bois-du-Luc, malgré sa lenteur, nous paraît un bon exemple de réhabilitation d’un habitat ouvrier ancien (1838-1853). ]], etc, en respectant au maximum les formes architecturales existantes. A ce niveau, le P.I.W.B. devrait mener une politique réfléchie en matière de classement.

Parallèlement au problème de la protection et de la réhabilitation du patrimoine immobilier, se pose également celui du sauvetage et de la conservation des objets de toutes natures. Les grandes expositions nationales ou internationales à Bruxelles, Liège, Charleroi ou Gand, attestent bien souvent, au travers de leur testament iconographique, de l’image du « déjà perdu ». Que de machines, parfois exemplaires uniques du génie de nos ingénieurs et du savoir-faire de nos ouvriers, qui se transforment en ferraille sous la chaleur d’un chalumeau, ou en bois à brûler!

Ici aussi une action efficace doit être menée. Pour éviter les doubles emplois, il est nécessaire d’établir de toute urgence l’inventaire de ce qui est conservé; déterminer ensuite les carences afin de mener les prospections nécessaires.

Si l’outil se trouve déjà rangé dans la panoplie de quelques antiquaires, donc négociable, la machine, quant à elle, reste liée à sa valeur en mitrailles … Mais, sensibilisés par la prise de conscience actuelle, les liquidateurs d’entreprises jouent parfois déjà le jeu de la surenchère. De toute façon, il faut compter de nombreuses heures de démontage et des frais de transport conséquents.

Si l’on veut éviter la disparition de ces témoins d’une évolution technologique extraordinaire, il est urgent de sensibiliser les milieux patronaux, de les inciter aux donations, maintenant que des lieux de conservation existent.

L’action menée depuis de nombreuses années par le Cominois Simon Vanhee vient de trouver sa concrétisation dans l’inauguration, le 20 juillet 1985, du Musée de la Rubanerie, déjà trop à l’étroit dans son cadre actuel, une ancienne salle de bal.

La machine est aussi témoin. L’appareillage, les procédés de fabrication ou de mise en œuvre, le savoir-faire forment un ensemble indissociable de l’objet lui-même.

La machine est aussi mémoire. Son sauvetage doit s’accompagner, quand c’est possible, du témoignage de ceux qui l’on utilisée ou qui y ont été soumis.

Une fois sauvés et restaurés, les objets seront présentés, de manière vivante, dans des lieux où le visiteur pourra toucher, peser, manier. Avec eux, le musée devient lieu d’animation et de réflexion. L’apport se révèlera particulièrement appréciable au niveau de l’enseignement technique en permettant de mesurer l’évolution s’inscrivant à l’intérieur du développement industriel.

Au Bois-du-Luc, l’Ecomusée régional du Centre met en place un Centre d’Interprétation de la Vie charbonnière. On peut aussi suivre l’exemple du Musée du Textile de Fourmies [[Ecomusée de Fourmies-Trélon (France), rue François Deleplace, F-5910 Fourmies. ]] où une coopérative de production a été créée et qui permet de faire revivre partiellement l’activité d’une ancienne usine textile.

On peut enfin assurer un développement touristique de qualité grâce à l’utilisation de trains à vapeur et de tramways anciens, alliée à la conservation de lignes ferroviaires ou vicinales désaffectées.

Une réflexion suivie ainsi qu’une concertation générale réunissant historiens, archéologues, ingénieurs, ouvriers et artisans, pédagogues, architectes et décorateurs, etc. nous paraissent éminemment nécessaires tant dans le domaine de la restauration que dans celui de la présentation ou dans celui de
l’animation.

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