1984 – 7(2)

En tout cas, il est important de noter, pour l’histoire de l’industrie en Belgique, que les ingénieurs furent d’abord formés dans des Ecoles de l’Etat (le cas de Mons n’étant d’ailleurs qu’un cas particulier confirmant la règle, puisque le pouvoir provincial est subordonné au pouvoir central). Gille (1978) a noté la même situation en France: «Le rationalisme français a effectivement créé une classe technicienne: ingénieurs des ponts et chaussées, des constructions navales, des mines, vétérinaires, inspecteurs des manufactures, officiers des corps savants de l’armée appartiennent à l’Etat, non à l’industrie, au commerce ou à l’agriculture. Face à une société plus figée, on a créé une institutionnalisation de la technique grâce à une catégorie sociale ( … ) c’était, en quelque sorte, assurer des cloisonnements peu propices aux mutations techniques »[[Pierre Thuillier (1982) a fort bien analysé cette « institutionnalisation » et ces « cloisonnements » dans un livre dont l’intérêt n’est pas qu’historique; nous nous permettons de renvoyer le lecteur à notre compte rendu (Baudet, 1983); voir aussi van Welsenaer, 1983. ]].

Fig. 3- Fac-similé de la couverture (14 X 23,5 cm) de la première livraison du Bulletin de la Société belge des Ingénieurs et des Industriels.


Le 23 février 1843, l’Ecole des Mines de Liège ouvre une « section des élèves mécaniciens », qui délivrera, après trois années d’études, le diplôme d’ingénieur mécanicien. En 1845, l’Ecole des Mines de Mons est réorganisée et « devient » « Ecole de Commerce, d’Industrie et des Mines du Hainaut ».

En 1860, par arrêté royal du 30 août, un Institut agricole est créé par l’Etat (encore lui) à Gembloux; il formera, en 3 ans, des ingénieurs agricoles. Il faut noter que ces ingénieurs, comme ceux de Mons, sont formés en dehors des universités.

Et en 1863, l’Université catholique de Louvain (fondée en 1834) crée une Ecole spéciale du génie civil, d’industrie et des mines. On notera que l’expression « arts et manufactures » est remplacée comme à Mons par « industrie ».

Nous l’avons dit, les ingénieurs qui sortent de Louvain ne peuvent pas devenir fonctionnaires. Ces diplômés, en 1872, fondent l’Union des ingénieurs sortis des écoles spéciales de Louvain (UILv), qui sera particulièrement agissante. Un an plus tard, en 1873, l’Université libre de Bruxelles décide de former également, comme sa rivale catholique, des ingénieurs, créant l’Ecole polytechnique.

En 1876, l’Ecole de Mons devient « Faculté Polytechnique du Hainaut »; la durée des études est portée à quatre ans. Deux ans plus tard, l’Université de Louvain fonde une Ecole Supérieure d’Agriculture, qui deviendra « Institut Agronomique » en 1883.

Rechercher sur le site

Rechercher