1984 – 7(1)

Dans la table, la première ligne indique les substances du genre A, soit de référence pour les combinaisons avec les substances du genre B et C rangées dans les colonnes au nombre de 16. Dans notre exemple, C sera placé au-dessus de B dans la même colonne dont le terme supérieur est A.

La première colonne classe les substances qui s’unissent aux acides volatils dans l’ordre d’affinité décroissante; on trouve ainsi la potasse, l’ammoniaque, les oxydes métalliques et les métaux.

La deuxième colonne relative à l’acide chlorhydrique classe les métaux dans l’ordre suivant: étain, antimoine, cuivre, argent, mercure.

Encore un exemple, la quatrième colonne qui concerne l’acide sulfurique donne le phlogistique – principe huileux et inflammable, c’est -à-dire en réalité les réducteurs -, la potasse, l’ammoniaque, les oxydes des métaux alcalino-terreux, le fer, le cuivre, l’argent.

Dans les interprétations jointes au tableau, Geoffroy assigne à ce dernier un double but: expliquer les réactions observées, les « justifier » selon son expression et prévoir les réactions futures.

Fig. 1. – La table de Gellert (1751), extraite de « Chimie métallurgique, dans laquelle on trouvera la Théorie & la Pratique de cet Art ( … ) Par M.C.E. Gellert, Conseiller des Mines de Saxe, & de l’Académie Impériale de Petersbourg. Ouvrages traduits de l’Allemand. Tome premier. A Paris, chez Briasson, Libraire, rue Saint-Jacuues. à la Science » (1758).

De 1718 à 1758, quelques essais furent tentés pour perfectionner cette première table, mais rien de nouveau, quant au fond, ne fut apporté. En 1730, il y eut la table de Jean Grosse qui comme celle de Geoffroy utilise les symboles et comprend 19 colonnes. En 1751 parut la table de Christian Gellert avec 28 colonnes dans lesquelles les substances toujours désignées par leur symbole sont classées par ordre de solubilité aqueuse croissante (fig. 1) .

La table (fig. 2) qui termine le mémoire couronné à Rouen en 1758, possède 33 colonnes et, comme celles que nous venons de citer, utilise les symboles en usage à l’époque. Ce tableau est précédé d’une longue dissertation (87 pages) destinée à le justifier et à l’expliquer, dissertation que je voudrais analyser maintenant.

Dès la première phrase, l’auteur nous précise ce qu’il entend par « affinité» et l’importance qu’il accorde à la doctrine fondée sur cette notion:

« L’affinité ou le Rapport, qu’il y a entre les différentes substances, est le fondement principal des connaissances qu’on peut acquérir sur la miscibilité ou l’union de divers corps & par conséquent sur le résultat de leurs combinaisons & sur les produits que l’on peut en former, ou séparer » .

Le vocabulaire utilisé est à remarquer, car la notion de tendance à l’union est encore signifiée, dans ce mémoire comme antérieurement, par des termes différents; nous sommes à l’époque où le vocabulaire va se fixer, où les chimistes vont s’habituer à employer « affinité » à l’exclusion des autres termes. Ici, Jean-Philippe de Limbourg utilise, comme Geoffroy l’avait fait dans son mémoire de 1718, le mot Rapport (qui figure dans l’Encyclopédie); dans la suite de son texte, il emploiera « disposition », « convenance » et « attraction » et même « amitié ».

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