1983 – 6(2)

Les papiers de Jean Hellot permettent de suivre ses deux actions d’éclat de 1744 et 1758, en faveur d’un régime dirigiste des concessions minières dans le domaine de l’exploitation des gisements de charbon de terre.

Un cahier entier des papiers de Caen du savant, le cahier 7, comprenant les fascicules de classement alphabétique P1 (198 p.) et P2 (36 p.) est réservé à une documentation de détail concernant l’exploitation du charbon de terre (historique, méthodes d’exploitation, législation). Parmi les notes et observations dont le contenu a visiblement inspiré le savant, certaines ont trait au « Païs de Liège » et aux écrits de Mathias-Guillaume de Louvrex. Ainsi, en dehors d’extraits du 3e tome du Recueil de Louvrex de 1714-1735 (des textes concernant le charbon de terre) et qui servirent à Jean Hellot en vue d’établir un recueil de « termes en usage dans les mines de charbon» (Cahier 7, fascicule P1), ses papiers comprennent aussi la reproduction manu proprio d’un prétendu Mémoire sur l’exploitation du charbon de terre « au Païs de Liège» (Cahier 7, fascicule p1). Dans l’index alphabétique qu’il donne du contenu de détail de ses papiers (Bibliothèque municipale de Caen, Papiers Hellot, Cahier 10), Jean Hellot attribue le mémoire à un certain Durand d’Aubigni.

L’analyse que nous avons faite du texte en question révèle qu’il ne s’agit point d’un texte scientifique. Le dit Durand d’Aubigni était un agent diplomatique français en poste à Liège. En cette qualité de « Résident de France» il fut sollicité par Jean Hellot qui lui posa par courrier quatorze questions écrites, extrêmement détaillées sur les conditions techniques, économiques, législatives et sociales de l’exploitation du charbon de terre dans la région liégeoise. Après enquête sur les lieux et consultation de documents appropriés, Durand d’Aubigni répondit au savant, avec force détails, dans le courant du mois de février 1759.

Citons en exemple la première des questions:

1° Demande: Dans le païs de Liège et environs chaque propriétaire sur le terrain duquel il y a quelque veine de charbon de terre peut-il l’ouvrir quand et comment il lui plait sans permission du gouvernement?

Les demandes de Jean Hellot posent des questions d’ordre technique (méthodes de travail), économique (rendement des exploitations et revenus), juridique (problèmes de voisinage et de droits, taxes et détaxes), commercial (circulation du charbon extrait, droits perçus) et social (organisation et protection du travail, dédommagement des accidentés, etc.).

Ainsi la huitième « demande » interroge: … y a-t-il quelque personne préposée par le gouvernement pour veiller à l’exploitation des mines; en examinant si les travaux des mines sont bien dirigés et pour en empêcher que par négligence ou avidité les entrepreneurs n’imposent leurs ouvriers à périr par l’éboulement de terrain?

La neuvième « demande » interroge à son tour: … y a-t-il des règlemens et une police pour contenir les ouvriers qui travaillent aux mines de charbon pour empêcher qu’ils ne demandent des changements de salaire, qu’un entrepreneur ne débauche les ouvriers d’un autre entrepreneur ou les ouvriers d’une mine à la mine voisine.

Cette véritable enquête à distance se poursuit et les réponses sont celles qu’impose l’actualité du moment de l’exploitation locale des mines de charbon. Néanmoins pour certains détails Durand d’Aubigni, qui avait entrepris de toute façon une excellente prospection du terrain, renvoie à … Louvrex. Ainsi lorsque (douzième « demande ») Hellot interroge s’il y a des règlemens ou ordonnances de la part du prince ou des magistrats du païs de Liège concernant l’exploitation des mines de charbon; les ouvriers qui y travaillent ou tout autre règlement sur cet objet et ajoute: on est prié d’en faire un recueil et de l’en envoyer, la réponse arrive (commentée par Hellot) : on renvoye pour cette question au troisième tome de Mr de Louvrex. Les records et édits y sont cités on pourrait ajouter à cela une copie d’un manuscrit qui donne beaucoup de méthode et de connaissances pour les difficultés qui peuvent arriver.

L’examen du recueil de termes miniers déjà cité et que la triple démarche, scientifique, technologique et administrative de Jean Hellot va imposer dans le langage écrit du domaine de l’exploitation du charbon de terre se révèle tout aussi profitable.

La plupart des termes sont puisés dans le Recueil de Louvrex.
Hellot même s’en explique, lorsqu’il écrit: Mr de Louvrex a rappelé dans son troisième tome, ce qui concerne les Houillères, les termes qui leur sont propres les usages avec quelques édits et recors comme aussi plusieurs plans et leurs applications ainsi que la méthode de travailler la veine

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