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Une vaste opération est actuellement entreprise pour recueillir des vieilles machines qui ont jalonné l’évolution de la mécanisation du travail agricole. Il est urgent de sauver les derniers témoins de la rouille ou de la destruction par les ferrailleurs. C’est encore un spectacle courant (il ne le restera plus longtemps) que celui de vieilles machines rouillées reléguées dans un coin reculé des champs; il existe encore de nombreuses granges qui abritent d’anciennes batteuses ou d’antiques charrues qui sont lentement converties en tas de poussière ou en tas de rouille. De nombreux fermiers que nous avons rencontrés au cours de ces prospections étaient heureux de savoir qu’une vieille machine qui les encombrait mais à laquelle ils tenaient pour diverses raisons, principalement sentimentales, était sauvée de la destruction et restaurée. En effet le patrimoine culturel collectif qui est ainsi progressivement rassemblé à Treignes est constitué aussi bien de machines rachetées et de dons que de pièces mises en dépôt et qui restent la propriété de ceux qui nous les ont confiées.

Pour chaque machine une fiche individuelle est constituée sur laquelle sont consignées le maximum d’informations qui peuvent être recueillies (auprès du dernier utilisateur dans la mesure du possible). Ces informations sont la firme et la date de fabrication, le lieu et la date de mise en service, le nom du revendeur local, le prix d’achat et le(s) nom(s) du (des) propriétaire(s), ainsi que les circonstances de l’acquisition, la superficie de l’exploitation, la date et les causes de la mise hors service; les modifications et les critiques formulées par l’utilisateur sont également notées.

Les machines sont complètement nettoyées, les parties métalliques sont décapées de la rouille, repeintes avec une couche de minium, recouvertes d’émail aux couleurs d’origine; les boiseries sont imprégnées de xylamon pour les protéger contre les insectes et les champignons; les pièces métalliques non peintes sont recouvertes d’une couche de vernis protecteur. Les machines sont démontées dans la mesure du possible et remontées ensuite après décapage. Toutes ces opérations de restauration sont indispensables si l’on veut préserver ces objets pour les générations futures.

A ce titre et en cette période de pénurie générale de moyens, je voudrais remercier ici la firme de peintures Sigma Paints pour sa contribution au projet.

La collection comporte à l’heure actuelle plus de 80 machines et plus de 400 outils se rapportant aux technologies rurales. La Société belge d’Histoire rurale va procéder à l’édition d’un catalogue raisonné de la collection de machines; les études pour cette réalisation sont en cours d’exécution. Ces objets constituent un matériel d’étude pour le Centre d’Histoire et de Technologie rurales qui développe un projet d’histoire globale concernant l’évolution du monde rural des origines jusqu’à ses aspects sociologiques les plus contemporains. La conception du musée en voie de réalisation s’inscrit dans la tendance moderne de renouvellement du concept muséologique en le mettant au service du développement, en l’encrant dans la vie, le territoire, la population.

Bibliographie sommaire

A. Haudricourt et M. Delamarre, 1955. – L’homme et la charrue à travers le monde. Gallimard.

G. Quick et W. Buchèle, 1978. – The grain harvesters. American Society of Agricultural Engineers.

W. Rasmussen, 1982. – La mécanisation de l’Agriculture aux Etats-Unis. Pour la Sience – numéro spécial sur la mécanisation du travail.

A. Verhulst et G. Bublot, 1980. – L’agriculture en Belgique, hier et aujourd’hui. Fonds Mercator.

Fig. 3. – Battage vers 1910, dans les. environs de Nivelles.

Fig. 4. – Battage vers 1950, dans la plaine de Bièvre, près de Treignes.

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