1982 – 5(3/4)

UNE NOUVELLE CONCEPTION DE L’HYGIENE ET DE LA DIETETIQUE AU XIème SIECLE

Hosam ELKHADEM
Assistant
Centre national d’histoire des sciences (Bruxelles)

Samenvatting

Het doel van dit artikel is tweeledig: 1° een analyse geven van de Taqwĩm al-sihha, een Arabisch geneeskundig traktaat uit de 11e eeuw, en de originaliteit aantonen van zijn opvattingen op het gebied van hygiëne en diëtetiek; 2° de geschiedenis van het werk in het Westen nagaan, vanaf de vertaling in het Latijn in de 13e eeuw tot de eerste gedrukte uitgave van 1531.

Abstract

The aim of the article is twofold: 1° to give an analysis of Taqwĩm al- sihha, an eleventh century Arabic medical treatise, and to show the originality of its concepts of hygiene and dietetics; 2° to trace the history of the treatise in the West since it was translated into Latin in the thirteenth century till it was first printed in 1531.

Le but de cet article est de donner un aperçu d’un traité médical arabe du XIème siècle intitulé Taqwĩm al-sihha qui a eu un succès considérable aussi bien en Orient qu’en Occident durant au moins cinq siècles. Ce traité fait l’objet d’une édition critique et d’une traduction française que nous sommes en train de préparer. Dix-sept manuscrits du Taqwĩm al-sihha existent encore; ils sont répartis de la façon suivante: 4 à la British Library, Londres (Or. 2793; Or. 1347; Or. 5590; Add. 3676); 1 au Royal College of Physicians, Londres (Tritton 24); 2 à la Bibliothèque Nationale, Paris (2945; 2947); 1 à la Raza Library, Rampur, Inde (6596 M.); 3 à la Bodleian Library, Oxford (Bodl. Or. 266; Huntington donat. 34; Pococke 363); 1 au Topkapi Sarayi, Istamboul (Ahmed III A 2069); 1 à la Bayerische Staatsbibliothek, Munich (Cod. or. 240. Pruneri); 1 à la Biblioteca Ambrosiana, Milan (A 125 inf.); 1 à la Bibliothèque royale Albert 1er, Bruxelles (MS. 19.990); 1 à la General Egyptian Book Organization, Le Caire (Medicine 584) et 1 à la Biblioteca Apostolica Vaticana, Vatican (Ar. 226).

Pourquoi notre choix s’est-il porté sur le Taqwĩm al-sihha d’Ibn Butlan? Les raisons sont diverses: d’abord, malgré son succès et son influence tant en Orient qu’en Occident, le Taqwĩm al-sihha n’a jamais fait l’objet ni d’une édition critique, ni d’une analyse scientifique.

Il constitue d’autre part un exemple remarquable du rôle qu’ont joué les sciences arabes entre le VIIIème et le XIème siècle ainsi que des deux étapes successives qui ont fait passer les connaissances d’abord du monde grec au monde arabe, ensuite du monde arabe au moyen âge latin (Sarton, 1948.)

Enfin la médecine d’aujourd’hui porte un regain d’intérêt à la phytothérapie et à la phytodiététique (par exemple H. Leclerc, 1966) : ce mouvement de retour à une médecine plus naturelle et le souci de l’équilibre diététique et de l’hygiène alimentaire confèrent au Taqwĩm al-sihha une singulière actualité.

Le term taqwĩm est dérivé de qawwama, 4ème forme de la racine qwm qui signifie « redresser » ou « mettre droit » (Elkhadem, 1974; Sarton, 1928); il signifie à l’origine « rectification » ou « redressement ». Il est ensuite employé pour désigner toute présentation en forme de tables. Taqwĩm al-sihha bi al-asbãb al-sitta, le titre complet du traité, signifie donc: Redressement de la santé par les six causes.

L’auteur en est al-Mukhtar Ibn Butlãn [[Ibn al-Qiftĩ, 1903; Ibn Abĩ Usaybi’a, 1882]], un médecin chrétien qui est né à Bagdad au début du Vème/XIème siècle. En 439/1047 il quitte l’Iraq pour l’Egypte. Il arrive au Caire en 441 /1049 où il passe trois ans. Ces trois années sont dominées par la controverse qui l’oppose à Ibn Ridwãn (ca. 389/998), un de ses confrère du Caire (Schacht & Meyerhof, 1937). Après un court séjour à Constantinople, il se retire dans un monastère à Antioche où il meurt après 455/1063. La bibliographie d’Ibn Butlãn comprend 16 ouvrages; il s’agit pour la plupart de traités médicaux.

Ibn Butlãn était un homme de grande culture, et sa culture ne se limitait pas aux ouvrages médicaux: certes, il cite dans le Taqwim al- sihha 42 médecins: grecs, arabes et un indien, mais ses connaissances touchent aussi la poésie, la musique et la philosophie; le vocabulaire qu’il utilise porte la trace de sa formation philosophique.

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