1981 – 4(2)

Les disciplines auxiliaires de l’histoire de la technologie

C’est sur la distinction entre sources écrites et non-écrites que repose la définition de l’archéologie: recherche, étude, description et si possible conservation des sources non-écrites de l’histoire, sans considération des aspects esthétiques, étrangers en principe à cette discipline. La périodisation de l’histoire[[ Il faut aussi prendre en considération les territoires: archéologie américaine pré-colombienne, extrême-orientale, etc. Cela a son importance pour l’archéologie industrielle: est-ce uniquement de l’Occident qu’il s’agit?]] conduit naturellement à distinguer l’archéologie préhistorique, l’archéologie classique (gréco-romaine), l’archéologie médiévale, l’archéologie moderne, l’archéologie industrielle et l’archéologie contemporaine [[ Pour la position épistémologique de l’archéologie industrielle et de l’archéologie contemporaine, nous nous permettons de renvoyer à notre article: Baudet, 1979.]].

Il est donc parfaitement clair que l’histoire des techniques est universelle dans le temps et dans l’espace et qu’il s’agit d’une science à finalité propre, alors que l’archéologie industrielle est une discipline subordonnée à l’histoire des techniques (mais aussi aux autres histoires: générale, sociale, économique …) et qui ne concerne qu’une époque, entre la Révolution industrielle et la Révolution informatique.

Il est non moins clair que l’archéologie industrielle ne concerne pas exclusivement l’industrie, mais que l’épithète qui qualifie cette discipline indique un moment de l’histoire (environ deux siècles) caractérisé par l’industrialisation. C’est pourquoi une selle de cowboy, la tunique d’un portier d’hôtel de 1900, les affiches de Cassandre, un fauteuil de 1925, relèvent de l’archéologie industrielle autant qu’une machine à vapeur ou un châssis à molettes.

Il est clair encore que l’histoire des techniques ne demande pas l’aide uniquement de l’archéologie industrielle. Les galets aménagés pré-acheuléens intéressent l’historien des techniques, de même que les poids et mesures de l’Empire Romain, ou que les canons de François 1er.

Références

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J. C. Baudet, 1979. – Note sur le statut épistémologique de l’archéologie industrielle. Technologia 2(1) : 9-17.

M. Daumas (sous la direction de), 1962 à 1979. – Histoire générale des techniques. PUF, Paris, 5 vol.

S. de Beauvoir, 1944. – Pyrrhus et Cinéas. Gallimard, Paris, p. 18.

M. Fichant, 1969. – L’idée d’une histoire des sciences in M. Fichant & M. Pécheux, Sur l’histoire des sciences. F. Maspero, Paris, 172 p., p. 51 à 169.

J. Gaston, 1972. – Secret et compétition chez les chercheurs. La Recherche n° 26: 717-22.

B. Gille (sous la direction de), 1978. – Histoire des techniques. Encyclopédie de la Pléiade, Gallimard, Paris, XIV + 1652 p.

J. B. Quintyn, 1979. – Sociaal economische eigenheid van de techniek. Sartonia 45: 20-7.

J. Rostand, 1954. – Pensées d’un biologiste. Stock, Paris, p. 101.

B. Saint-Sernin, 1976. – Paradoxes technologiques des sociétés modernes. Et. Philos. (1976): 197-207.

S. Tovmassian, 1976. – Problèmes philosophiques du travail et de la technique.
Ed. du Progrès, Moscou, 286 p.

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