1980 – 3(2/3)

Il s’agit de transférer un système physique fluide, l’encre, sur un solide, le papier. « Ce transfert est exécuté au moyen de structures spéciales: les formes imprimantes qui sont conçues de manière à pouvoir accepter l’encre dans certaines parties et rester vierges dans les autres, puis céder facilement cette encre au papier qui vient à leur contact » [[Comme nous le savons, la démarquation entre les « zones imprimantes » et les « zones non imprimantes » des formes est réalisée par diverses méthodes qui caractérisent chacune un procédé d’impression. Les deux plus anciennes font appel à des différences de niveau. L’encre prend préférentiellement sur les reliefs, c’est le procédé typographique, ou dans des creux, c’est l’héliogravure. La troisième méthode, la lithographie, utilise des formes sans relief, ni creux, et est basée sur le comportement particulier de divers matériaux spécialement traités (Martin, 1979)]].

La première grande innovation à souligner est sans nul doute la presse à bras en fer! Mais, avant de parler de ce formidable apport à l’industrie typographique, revenons quelques années en arrière pour observer une presse à bras et son fonctionnement. Dumont nous la décrit de la manière suivante:

« Que l’on se figure une table en bois, deux montants rejoints par une traverse, un plateau en bois, de forme carrée, se soulevant ou s’abaissant sur la table entre les montants; au-dessus, une forte vis en bois que l’on actionnait au moyen d’une barre de fer, pour faire descendre ou remonter le plateau ».

Il est aisé de comprendre qu’avec un tel instrument, l’impression était lente et pénible autant qu’imparfaite et, pourtant, cette méthode persista pendant trois siècles et demi!

2. – LA PRESSE EN FER

Au seuil du XIXème siècle, les choses vont changer et c’est d’Angleterre que vient le progrès grâce à Lord Stanhope (1753-1816). Celui-ci, suivant l’idée de Guillaume Haas, supprima complètement le bois au profit du métal et ainsi décupla le rendement journalier, qui passa à 2.000 ou 3.000 feuilles. Dumont explique d’une façon très détaillée le fonctionnement de l’appareil; nous nous contenterons d’en souligner les principales caractéristiques, car l’excès nuisant en tout, l’apport de détails trop nombreux gênerait considérablement la lecture du présent article.

La presse à bras en fer se caractérise par son système de levier (ou barreau) qui abaissait la platine et exerçait une pression beaucoup plus uniforme. De plus, elle permettait l’impression en un seul coup des formes les plus grandes de l’époque, ce qui accélérait le travail des ouvriers.

Dès 1818, une première presse en fer fut introduite à Bruxelles. Cette presse était dite « Colombienne », inventée par G. Clymer en 1797, elle fut généralement adoptée aux Etats-Unis et importée en Angleterre an 1817 où elle rivalisa avec la presse de Stanhope inventée dans ce pays vers 1809 (Perquy, 1904). En même temps, apparaissent deux autres machines : « l’Albion » et la « Washington ».

« Par l’intermédiaire du Ministère de l’Intérieur, cette presse fut montée chez l’imprimeur Weissenbruch, qui en fit l’essai très favorable. Wahlen, un autre imprimeur bruxellois, importa d’Angleterre une nouvelle presse en fer qui servit de modèle aux mécaniciens bruxellois. » (Briavoine, 1838). Stanhope imagina une autre amélioration, le remplacement des ancestrales balles à encrer par des rouleaux couverts de cuir. Mais les rouleaux de Stanhope n’étaient pas parfaitement cylindriques et répartissaient encore mal l’encre. Harrild et Donkin (1810) reprirent l’idée de Stanhope et réalisèrent un rudiment de rouleau en enduisant d’une couche de mélasse et de colle forte un rouleau de grosse toile tendue sur un mandrin en fer (Dumont, 1903). Ce fut M. Gannal, chimiste français, qui en 1819 parvint à fondre d’une seule pièce les rouleaux qui désormais amélioraient considérablement la qualité des encrages tout en facilitant la tâche des ouvriers, de plus ceux-ci sont un jalon fondamental vers la presse mécanique (Dumont, 1903).

3. – LA STEREOTYPIE

Une autre étape de cette aventure prend naissance dans la famille Didot, ou devrait-on dire dans la Dynastie des Didot!
En effet, depuis le début du XVIIIème siècle, leur nom est lié aux plus belles réalisations typographiques qui soient. François, Pierre-François, Pierre, Firmin Didot sont autant de noms prestigieux qui honorent l’imprimerie française. Et c’est encore à l’un d’eux que l’on doit les premiers essais de stéréotypage (1809). La stéréotypie classique est une méthode de reproduction des formes imprimantes. Expliquons-nous: ni les caractères métalliques, ni les gravures sur bois ne supportent des tirages prolongés. D’autre part, leur conservation en vue de réimpressions ultérieures pose des problèmes de classement et d’encombrement. Enfin, quand il faut produire un ouvrage vite et à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, l’intérêt est évident de pouvoir équiper plusieurs presses avec les mêmes formes, sans devoir nécessairement recomposer.

Rechercher sur le site

Rechercher