1988 – 11(3/4)

Résumés et listes des illustrations en russe et en allemand

KOVACEVICOVA, S.

Človek Tvorca. Pracovné motivy slovenska vo vyobrazeniach z 9 – 18 storočia (Homo Faber)

Bratislava, Slovenska Akadémia, 1987, 264 p., 280 fig.

Le travail de Madame Kovačevičova est le pendant slovaque d’une publication tchèque parue à Prague dans les années 60 et s’articule en trois parties: les sources iconographiques et leur crédibilité, un commentaire sur les différentes techniques artisanales et leur place dans la culture slovaque, enfin une identification précise des objets illustrés, avec lieu de conservation, datation, bibliographie étendue, etc.

L’auteur part d’une dizaine de milliers de représentations d’objets reprises à la peinture, l’estampe, la miniature, la sculpture, etc., dont la valeur esthétique n’est que secondaire; l’origine et l’utilisation de ces objets en Slovaquie sont par contre déterminantes. Bien entendu, pour les objets anciens, il existe un contexte symbolique international mais réévalué par les créateurs locaux; ces illustrations ont également été retenues par l’auteur.

L’identification des objets est faite sur base de comparaison avec les pièces d’archives et avec ce qui est conservé dans les musées nationaux et étrangers. Beaucoup d’objets quotidiens n’étant cependant ni datés ni localisés, on part alors de variantes incorporées dans la culture slovaque au XIXe siècle pour déterminer les contacts réciproques et l’originalité du phénomène en Slovaquie. La culture slovaque est appréhendée comme un système complexe et en évolution, les sous-systèmes populaire, urbain ou autres ayant leur développement propre avec des rapports communs dans le temps et l’espace social. Dans ce processus, on a évidemment tenu compte des nombreuses transformations socio-économiques comme la constitution du royaume de Hongrie, la guerre contre les Turcs, le développement urbain, la Réforme, l’émigration, la collectivisation, etc. On n’a pas perdu de vue non plus les emprunts qui pouvaient avoir été faits en dehors de la Slovaquie et de la Hongrie de formes iconographiques nouvelles qui auraient pu se croiser avec des valeurs culturelles autochtones plus anciennes. Il est clair que la Slovaquie, par sa situation géographique et historique, est particulièrement bien placée pour le croisement de ces facteurs économiques, sociaux et culturels.

Par conséquent, l’auteur de l’ouvrage a porté une attention spéciale à cette problématique liée aux objets eux-mêmes, à leur iconographie, aux créateurs, au milieu culturel et au fonctionnement social; la spécificité locale en est dégagée et on constate que les éléments culturels anciens ont résisté plus longtemps dans la culture populaire que dans celle d’autres classes sociales.

En bref, un ouvrage dense, bien pensé sur le plan méthodologique, bien illustré et édité avec soin, qui présente à un niveau national et international une remarquable synthèse propre à satisfaire l’éthnologue autant que l’historien des techniques.

Marina Peltzer

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