1988 – 11(3/4)

D) INDICATIONS

Ces eaux passent pour être très-énergiques. On s’y rend de toutes les provinces du royaume et des pays étrangers, pour un grand nombre de maladies, les obstructions de toute espèce, les rhumatismes goutteux et autres, les paralysies, les sciatiques, les maux d’estomac, les affections nerveuses et vaporeuses, la colique des potiers, les entorses, les ankiloses, les luxations, les suites des fractures, les suites des couches et plusieurs maladies militaires. Leur effet est équivoque dans les suites de paralysies et d’apoplexies. Le paralytique éprouve un léger soulagement, souvent avant-coureur d’un grand mal.

On m’a dit que les paysans des environs venaient s’y jeter les samedis et qu’ils en étaient délassés.

Pendant que j’étais aux eaux, on y douchait un cheval. L’animal malade prêtait sans peine son épaule infirme à la douche ; il léchait l’eau. Quand à son épaule saine, il la refusait au remède. Le coup du fluide qui blessait celle-ci, était peut-être moins sensible sur l’autre paralysée.

E) LE SEJOUR

Bourbonne, ainsi que tous les autres lieux où se rassemblent les malades, est une demeure triste le jour par la rencontre des malades ; la nuit, par leur arrivée bruyante.

Le séjour en est déplaisant: nulle promenade. Point de jardins publics. Point d’ombre dans la saison la plus chaude. Une atmosphère étouffante. Quand on est sorti, il est rare qu’on y revienne. Si les habitans entendaient un peu leur intérêt, ils n’épargneraient rien pour l’embellir ; ils planteraient une promenade (10) , ils aplaniraient les chemins aux collines ; ils en décoreraient les sommets; ils feraient un lieu dont le charme pût attirer même dans la santé. C’est ainsi que les Anglais l’ont pratiqué à Bath et à Cambridge, où les hommes vont se distraire de la maussaderie de leurs femmes, les femmes de la maussaderie de leurs maris, et où, tout en buvant des eaux, on rit, on cause, on danse, et l’on arrange d’autres amusemens plus doux.

Les médecins des eaux sont tous charlatans, et les habitans regardent les malades comme les Israélites regardaient la manne dans le désert. La vie et le logement y sont cher pour tout le monde, mais surtout pour les malades, oiseaux de passage dont il faut tirer parti.

Je conseille à tout malade qui vient ici, de se pourvoir d’un maître Jacques, valet, cuisinier, maître d’hôtel, intendant, etc …, s’il a quelque usage du pays ; on en sera mieux et à moins de frais.

La souffrance et l’ennui rapprochent les hommes. Il est d’étiquette que le dernier venu visite les autres.

Il va dire de porte en porte: Me voilà. On lui répond de porte en porte: Tant pis pour vous. Dans les visites qu’on se rend la demande est : Comment vous en trouvez-vous ? et la réponse : Tant pis ou tant mieux. Dites d’un malade qui ne se communique pas aux eaux qu’il est insociable. La morgue du rang est la première maladie dont on y guérit ; mais la rechute est sûre quand on les quitte. Rien n’apprend à l’homme qu’il est homme comme la maladie qui l’abandonne à la direction de tout ce qui l’environne. Deux malades sont frères.

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