DES ROUES MUES PAR DES CHIENS, ET DES METIERS DISPARUS
Uri ZELBSTEIN
Ing. ERB Docteur Ing., Paris
Résumé
Dès le XVlème siècle, on voit la force animale remplacer l’effort humain, mais ce n’est qu’au XVlllème qu’on trouve avec certitude des roues à chiens.
Celles-ci sont utilisées surtout par les cloutiers pour actionner le soufflet de forge, par les couteliers pour mouvoir les meules et, plus rarement, dans les laiteries pour assurer le barattage. Elles ne disparaîtront pas avant le premier quart du XXème siècle.
Samenvatting
Vanaf de 16e eeuw wordt de menselijke spierkracht vervangen door die van dieren, maar het bestaan van door honden aangedreven raderen kan pas in de 18e eeuw met zekerheid vastgesteld worden.
Deze raderen werden vooral gebruikt door spijkersmeden om hun blaasbalg in werking te stellen, door messenmakers om hun slijpstenen in beweging te krijgen, en, minder vaak, in melkerijen bij het karnen. Zij zijn slechts in het eerste vierde van de 20e eeuw verdwenen.
Abstract
Since the sixteenth century one witnessed the gradual substitution of human efforts by animal force. However it was not before the eighteeth century that wheels that functioned by dogs had appeared. These wheels were particularly used by nail-smiths to blow the bellows, by cutlers to move the grindstones and, but seldom, by dairymen to stir the churn. This technique will not disappear before the first quarter of the twentieth century.
1. La relève de l’homme par la machine …
La révolution industrielle n’a pas entraîné dans son sillage une transformation rapide de toutes les activités industrielles. A côté des manufactures nouvelles et des usines bénéficiant de l’apport d’une forme d’énergie nouvelle, celle de la vapeur, des nombreux ateliers « domestiques » allaient subsister, et même se développer, grâce à l’utilisation de la force musculaire des hommes et, aussi, des animaux et ce jusqu’aux premières décennies du 20e siècle.
En 1877, par exemple, donc à peu près un siècle après la réalisation par Watt de sa première machine à vapeur, on peut voir dans certains atelies de coutellerie «…. des ouvriers spéciaux (sic), presque toujours des aveugles ou des idiots (handicapés mentaux, ainsi désignés au 19e siècle), impropres à tout autre travail, imprimant le mouvement aux grosses meules » (Ch. Laboulaye dans son « Dictionnaire des Arts et Manufactures »). De même pour la clouterie à main, les soufflets de la forge sont mus, également, par des enfants le plus chetifs et parfois par des handicapés.
Et s’il y a relève de l’hommme, elle est obtenue en faisant appel à des animaux. Ainsi toujours à cette même époque, les couteliers et les cloutiers utilisent-ils pour faire mouvoir les meules et les soufflets des « chevaux attelés à un manège ou des chiens marchant à l’intérieur d’une route » (Ioc. cit.) animaux que l’homme a su domestiquer depuis des millénaires.